Des hommes robustes aux muscles saillants, de plantureuses jeunes filles, des monstres inquiétants et des bêtes mutantes, le tout dans un paysage aux allures apocalyptiques… Et oui, nous sommes bien en présence d’un comic-book signé Richard Corben (Ratgod, Ragemoor, Grave…)! Et pourtant, l’idée de départ de cette histoire, une nouvelle nommée « La Vallée du Ver », n’est pas à mettre au crédit de l’artiste puisque c’est Robert E. Howard (oui, oui, l’homme derrière Conan, le Barbare!) qui est à la base de ce récit.
D’un côté, on retrouve donc, pour ce Bloodstar, un fabuleux dessinateur au style distinct, jouant sur le noir et le blanc, et créant des ambiances glauques à souhait. De l’autre, ce n’est ni plus, ni moins que l’un des pères de l’heroic fantasy qui nous offre le contexte de cet univers.
Mais la combinaison de tels curriculums est-elle suffisante pour donner naissance à une œuvre de qualité?
Un récit musclé teinté d’apocalypse
À l’ouverture du comic-book, on découvre un monde, similaire au nôtre en tout point, à une exception près, et quelle exception! Une nouvelle étoile brille dans le ciel. Au fil des cases, cette étoile se rapprochera de la planète, provoquant tsunamis, sécheresses, éruptions volcaniques et d’autres catastrophes, toutes plus mortelles les unes que les autres pour le genre humain.
Très vite, le récit nous emporte des années plus tard. La Terre a bien changé depuis le désastre. Les tribus, des peuples sauvages vivant de la chasse et de la cueillette, en sont désormais les nouveaux résidents. Les immeubles, et autres technologies d’avant le cataclysme, ont été réduits à l’état de ruines dont plus personne ne reconnait l’origine, encore moins l’utilité.
C’est dans ce contexte que l’on suit Bloodstar, un jeune homme qui, accompagné de son mentor, part à la chasse, comme il en a l’habitude. Au cours de cette sortie, des animaux mutants les prendront par surprise, et son compagnon sera mortellement blessé. Et c’est sur son lit de mort que celui-ci décidera de raconter à Bloodstar la vie tragique et guerrière de son père.
S’en suit alors une histoire d’épreuves, de tribus, de batailles, de monstres et d’actes héroïques, où le dessin sied parfaitement au scénario. Qu’il soit banni de sa communauté, trahi par l’un des siens ou opposé à des créatures monstrueuses, le père de Bloodstar sait montrer les muscles et se battre, pour défendre ses idées, sa famille et le futur de son peuple.
Delirium nous gratifie donc d’un très bel ouvrage dont le scénario se base sur une nouvelle, « La Vallée du Ver », et propose, en noir et blanc, un récit dont il serait triste de ne pas profiter! Surtout quand on connait le parcours du combattant entrepris par l’éditeur pour nous délivrer cet écrit.
Sans pour autant nous faire tomber de notre chaise lors de sa lecture, Bloodstar reste un comic-book qui se savoure. Entre son graphisme très typé « Corben » (avec ses faciès accentués, ses musculatures soignées et ses paysages lugubres) et sa trame plaisante à suivre, on en redemande dès lors que l’on referme le livre.
Bloodstar est donc semblable à ces bons vins, que l’on goûte régulièrement avec nostalgie, et ce malgré les ans qui passent. D’ailleurs, il est déjà temps pour nous d’ouvrir une nouvelle bouteille!
Note : 8/10
R.L.