Catégorisée « underground », l’œuvre de Richard Corben est sans pareil à bien des égards. A tel point que découvrir un récit de l’artiste constitue toujours une aventure particulière. Une aventure marquante, probablement terrifiante et, sans conteste, des plus malsaines. Ratgod n’est pas un petit nouveau sur le marché puisqu’on peut s’en délecter depuis septembre 2016. Pourquoi revenir sur ce récit? Tout simplement car il s’agit -encore une fois- d’un grand cru made by Corben.
Visages déformés, ambiance malsaine, rituels sataniques, démons… : tous y est ! Dès les premières pages où le personnage principal, Clark Elwood, s’engouffre dans un village reculé, Lame Dog, pour retrouver celle qu’il aime, la frayeur s’installe. La petite bourgade, située au milieu de nulle part, y est d’ailleurs pour beaucoup : des maisons de bois délabrées, une population peu accueillante qui ne cesse de presser Clark de rentrer chez lui et, évidemment, un secret qui unit les habitants.
De page en page, Clark se retrouve dans les pires situations et verra sa vie mise en péril. Le résultat est de toute beauté puisque Corben, comme à son habitude, parvient à créer un climat malsain à souhait. Inspiré par Poe et Lovecraft, Ratgod est le parfait exemple de ce qu’on a pour habitude de retrouver dans un comic-book de Corben en termes d’ambiance.
Alors que la terreur envahit peu à peu le quotidien du héros -et notre lecture-, on continue de tourner frénétiquement les pages afin de percer les secrets qui entourent Lame Dog. Et pour immerger son lecteur, Corben fait ce qu’il sait faire de mieux : des planches artistiquement irréprochables car fourmillantes de détails et dont les corps, les lieux, les visages profitent de déformations graphiques ô combien malsaines.
Et si le scénario ne bénéficie pas d’une originalité inégalée, il est sublimé par une maîtrise du rythme incroyable et, encore une fois, un style graphique envoûtant. Du grand Corben, que vous soyez néophyte ou non.
La conclusion est simple : Corben connaît la formule magique et il ne cesse de l’utiliser pour notre plus grand plaisir. Issu d’une recette déjà utilisée à plusieurs reprises par l’artiste (dessins particuliers, village reculé à la population bizarre, dieu-animal, inspiration lovecraftienne…), Ratgod parvient à faire mouche, et ce de façon terrifiante.
Note : 8/10
R.L.