La guerre et l’actualité, on aurait presque envie de parler d’une longue histoire d’amour entre ces deux-là. Mais trêve d’ironie : PTSD est un récit fabuleux qui nous emmène dans la dure réalité du retour au bercail des troupes après une opération militaire. Un retour parfois aussi éprouvant que l’aller… En effet, certains ne reviennent jamais, sur le plan mental, de leur périple chez « l’ennemi ». En état de choc post-traumatique (PTSD), ces vétérans sont en proie aux cauchemars, aux hallucinations, aux tremblements, au stress et à la paranoïa.
C’est notamment le cas de Jun, une militaire à l’œil de lynx qui fut une formidable tireuse d’élite lors d’un conflit imaginé pour l’occasion. Jun vit désormais dans la rue et, pour couronner le tout, elle ne peut s’empêcher d’ingérer continuellement des dizaines de pilules dans l’unique but d’échapper à ses cauchemars.
On connaissait Guillaume Singelin, notamment, pour son excellent travail sur The Grocery. Véritable récit de vie, ce dernier figure d’ailleurs dans les sources d’inspiration de PTSD : en effet, c’est le personnage campé par un vétéran de guerre qui donna à l’auteur l’idée d’écrire sur ces ex-militaires. Et quelle bonne idée !
Un univers bourré d’émotions
Singelin réalise des dessins détaillés qui nous propulsent dans un pays asiatique (imaginaire) où d’anciens vétérans de guerre en sont réduits à faire la manche pour survivre. Colorées, détaillées et surtout, magnifiques, les planches de l’artiste poussent sans conteste le lecteur à la contemplation ! Et c’est d’ailleurs l’un des objectifs de l’ouvrage puisque des passages assez conséquents sont dénués de phylactères et sont propices à l’admiration. On se délecte alors devant des édifices à l’influence asiatique ou encore, tout simplement, devant des personnages qui se contentent de vivre leur vie mais pas seulement ! Tantôt, c’est une scène de fusillade qui vient rompre la monotonie de la ville, tantôt c’est un moment plein de douceurs et de tendresse qui nous occupe pendant plusieurs pages. L’auteur manie à merveille cette dualité qui participe fortement à la richesse de l’œuvre et son style graphique confère un cachet tout particulier à ce qu’il dessine. Là où les scènes d’action sont claires et efficaces, les passages plus calmes et émouvants parviendront sans souci à vous arracher un pincement au cœur tant les mots et la gestuelle des personnages ont été réfléchis en amont.
Que dire de plus sur ce roman graphique ? Que Singelin a particulièrement bien fait ses devoirs : il reprend le meilleur de The Grocery et s’inspire des ficelles du métier de scénariste transmises par son compère Aurélien Ducoudray. Au programme, on retrouve donc beaucoup d’émotions, comme l’on pouvait s’y attendre avec un récit si sensible, des personnages travaillés et forts d’une histoire personnelle intense ainsi qu’un univers graphique original et splendide.
Si vous êtes à la recherche d’un récit intelligent, passionnant et émouvant, jetez-vous sans plus attendre sur PTSD ! En bref, on en prend plein les yeux autant grâce aux dessins que grâce à la charge émotionnelle véhiculée par l’histoire!
Note : 9/10
R.L.