Batman White Knight : A ranger auprès des classiques

Le Joker s’est rapidement imposé dans les comics, en télé et au cinéma comme l’antagoniste parfait pour le héros qu’est Batman. Machiavélique et rusé, le clown, bien qu’il ait souvent perdu contre son adversaire de toujours, a fini par user la chauve-souris. C’est encore une fois le cas dans Batman White Knight puisqu’au bout d’une courte course-poursuite faisant office d’entrée en matière, le Joker est capturé par le Chevalier Noir qui, dans un accès de rage, craque… Il attrape alors la première chose qui lui tombe sous la main (des médicaments) et les enfonce de force dans la gorge de son ennemi. 

Et c’est à ce moment là que commence vraiment le récit de Sean Murphy : apparemment guéri de sa psychose, celui que l’on connaissait comme un clown farceur, capricieux et surtout, criminel, apparaît alors comme un homme érudit prêt à aider Gotham en se lançant en politique pour lutter contre le vigilantisme (et donc Batman). 

Ce pitch surprenant -c’est le moins que l’on puisse dire puisque les rôles des deux personnages principaux sont inversés-, nous le devons au scénariste et dessinateur de Punk Rock Jesus. Egalement seul aux commandes sur ce Batman White Knight, Murphy dont le nom est synonyme de dessins précis, détaillés et sublimes de surcroît choisit de déstabiliser ses lecteurs en réinterprétant la relation qui oppose, ou plutôt, qui unit Batman à son adversaire de toujours avec, d’un côté, un Joker aspirant à la rédemption et travaillant main dans la main avec la police et, de l’autre, un Batman désabusé de plus en plus en proie à de violentes crises. 

Dès le premier épisode, il semble que Murphy nous refasse le coup de Punk Rock Jesus en mixant un scénario captivant à un sens du dialogue inné et des dessins magnifiques. Sensation qui se transformera en certitude tant l’histoire est prenante et, à aucun moment, ne s’embourbe dans des péripéties longues et ennuyeuses. Mais, là où Murphy frappe très fort, c’est quand il redéfinit la relation entre les deux hommes : pour ce faire, il s’appuie sur des éléments historiques passés qu’il réemploie pour justifier le combat qui a toujours confronté le Joker à Batman. La mort de Jason Todd, les quelques incursions d’Harley Quinn du côté des gentils lors d’anciens épisodes… sont autant de bonnes idées qui apportent du crédit au scénario imaginé par l’auteur. 

Et puis, comme d’habitude, il y a le dessin si caractéristique de Sean Murphy. Les super-vilains, les super-héros, la ville de Gotham et surtout, les véhicules… : tout est propice à l’extase visuelle. L’artiste s’est fait maître d’un style « désordonné » comme il aime le rappeler (voir l’interview réalisée par notre équipe ici) qui s’appuie sur des traits fins et précis. Dynamique, le coup de crayon de l’artiste est reconnaissable entre tous et est à la base de superbes planches où chaque détail constitue une œuvre d’art à part entière. Ce qui était vrai pour Punk Rock Jesus l’est une nouvelle fois avec le comic-book chroniqué dans cet article. 

Dès lors, entre scénario intrigant et style graphique soigné, Batman White Knight serait-il exempt de tous défauts ? Et bien, presque. L’artiste a en effet frôlé le sans-faute mais a quelque peu péché sur la fin en offrant aux lecteurs un final quelque peu trop classique. Surtout si on compare ce dernier au pitch initial plein de promesses sur le changement de statu quo. De là à évoquer une fin « bâclée », il y a un pas que nous ne nous permettrons pas de franchir, loin de là.

Vous l’aurez compris, ce Batman White Knight est surprenant à bien des égards mais ne constitue certainement pas une surprise pour autant. En effet, avec un talent tel que celui de Sean Murphy, on pouvait s’attendre à une claque graphique et à un scénario passionnant, et c’est exactement ce à quoi on a droit avec ce récit qui voit le Joker adulé par la Ville de Gotham pendant que le Chevalier Noir voit sa cote de popularité s’écrouler… Une lecture que l’on ne peut que vous recommander ! 

Enfin, précisons qu’Urban Comics propose deux éditions pour ce comic-book : l’une en couleurs (avec Matt Hollingsworth) et l’autre en noir et blanc. La première offre l’opportunité d’admirer tout le travail d’un coloriste hors pair quand la deuxième permet d’autant plus de discerner la précision des traits de Sean Murphy. 

Note : 8/10

R.L.

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