Ils sont cinq scientifiques, chercheurs ou encore, rebouteux, chacun présentant une spécialité bien à lui. Ils doivent améliorer le futur et envisager son évolution. Sauf que ce dernier apparaît bien morne : les plus grandes découvertes seraient derrière nous et on s’apprêterait à vivre une période assez calme en matière d’évolutions technologiques. Et si ces cinq cerveaux rendaient le futur plus intéressant en créant un être, une vie, une intelligence munie d’une conscience humaine ?
Après plusieurs essais, c’est une réussite. Enfin, ça l’aurait été s’ils pouvaient contrôler le fruit de leur travail.
Maintenant, il faut réparer, ou plutôt endiguer les dégâts de leur expérience.
Warren Ellis, encore et toujours !
Warren Ellis n’est pas un petit nouveau dans le monde des comics. Dans sa bibliographie, on peut déjà trouver Transmetropolitan, Planetary, Hellblazer, la trilogie « Black Summer – No Hero – Supergod » et de nombreux autres écrits que l’on ne peut que trop vous conseiller.
Avec Injection, il crée une nouvelle histoire qui puise ses racines dans la science-fiction tout en piochant des idées dans les mythes et légendes anglo-saxons. D’ailleurs, le lecteur devrait rapidement y voir un récit proche des séries TV Fringe et X-Files puisque dans ce comic-book, on trouve aussi une unité « spéciale » qui enquête sur des phénomènes étranges.
Dans Injection, les héros sont allés trop loin. Ils ont conçu une entité dont la puissance les dépasse. Intelligente, celle-ci profite d’Internet pour apprendre et s’adapter à son environnement. Au point d’étudier des mythes locaux pour les réinterpréter à sa guise. Très vite, on se rend à l’évidence : le scénariste ne s’est pas contenté de bien débuter son récit puisque, de chapitre en chapitre, on s’aperçoit qu’il connaît sur le bout des doigts les légendes qu’il exploite et dont il tire profit de bien belle façon.
Sans omettre qu’il ajoute à tout ceci une narration non-linéaire. Les bonds dans le passé sont fréquents, et surtout indispensables, puisque l’élément perturbateur (la création d’une entité supérieure) est déjà intervenu avant le début du récit. Le principe, tout de même déroutant lors de la lecture des premiers épisodes, se veut intrigant puisqu’il consiste à offrir aux lecteurs quelques clés sans jamais dévoiler le fin mot de l’histoire. C’est bien simple : lors de la lecture du tome 1, il faudra attendre d’en avoir lu au moins 90% pour enfin comprendre de quoi il retourne. Autrement dit, la patience est de rigueur.
Les légendes et autres aspects techno-futuristes de cette série prennent vie sous les traits de Shalvey Declan (Thunderbolts, Deadpool…). Quelque peu géométrique, le style graphique installe dès les premières pages une ambiance sombre qui fait culminer l’immersion à son paroxysme lorsqu’un membre de l’équipe se retrouve face à l’antagoniste créé en laboratoire. Et si on peut signaler quelques défauts à ce niveau, ceux-ci sont masqués par la belle colorisation de Jordie Bellaire.
Autrement dit, Injection, avec ses 3 premiers volumes, emmène le lecteur dans un univers techno-futuriste et folklorique puisque basé sur des mythes anglo-saxons. Des chercheurs sont parvenus à créer un être indéfinissable. Profitant d’Internet, celui-ci est partout et peut modeler et adapter son environnement. Mais pour en savoir plus, il faudra s’accrocher et s’accoutumer de la narration typiquement « Ellisienne ». Car, au final, les plus courageux seront récompensés par une histoire originale et finement ficelée par un maître en la matière.
Note : 8/10
R.L.