Après « Infinity Gauntlet », soit « Le Gant de l’Infini », Panini comics continue sa réédition des œuvres de Jim Starlin. C’est donc au tour d’un autre crossover de retrouver les étagères de nos librairies : « Infinity War ».
[Si vous n’avez pas lu le Gant de l’Infini, il est conseillé de passer votre chemin tant cette critique y fera allusion.]
S’il existe un personnage avec lequel Jim Starlin se sent à l’aise, c’est sans aucun doute Thanos, ce vil ennemi des Avengers et de bien d’autres héros. Or, après le crossover du « Gant de l’Infini », celui qu’on surnomme le Titan Fou s’est vu confisquer l’artefact qui lui conférait la puissance d’un Dieu. Dès lors, pour ce nouvel event, c’est un autre antagoniste qui prend sa place : le Magus.
Version maléfique d’Adam Warlock, le Magus est de retour avec un pouvoir prodigieux et n’a qu’un seul objectif : décupler sa puissance grâce au Gant de l’Infini. Or, ce Gant, c’est Adam Warlock qui le détient. Enfin… Pas tout à fait puisque, par sécurité, les gemmes qui l’ornaient ont été partagées entre ses compagnons, une pour chacun, devenus depuis lors, des Gardiens de l’Infini.
Thanos, toujours Thanos
Si tout au long de ce crossover, on apercevra foule de nos héros favoris, c’est encore Thanos qui tient le haut de l’affiche. Et pour mieux comprendre le pourquoi de cette situation, il faut se pencher sur le cas du Magus.
Doué d’une intelligence considérable, ce dernier a mis au point une stratégie très précise afin de dérober le Gant de l’Infini. Et c’est un régal de suivre les différentes étapes de son plan, et ce même s’il est parfois difficile de savoir où il veut en venir avant que les différentes pièces ne soient en place.
Pourtant, malgré ses nombreux atouts, le Magus n’est jamais devenu l’un des super-vilains préférés des fans de Marvel. Au contraire de Thanos…
La raison en est simple et elle se traduit par un seul mot : le charisme. A ce niveau, la version maléfique de Warlock ne parvient jamais à prendre dans ce récit la place qu’occupait Thanos dans le précédent. Pour ne pas y perdre au change, Jim Starlin a alors pris la décision d’incorporer le personnage avec qui il fait des miracles, Thanos, dans cet Infinity War mais du côté… des héros ! Si l’association du Titan Fou et de celui qui l’a vaincu précédemment semblait improbable, il s’avère au final que l’idée est brillante tant elle constitue le moteur du scénario. On assiste alors à la collaboration entre un être malfaisant qui ne se bat que pour ses propres intérêts, ou presque, et un autre prêt à tout pour sauver le sort de l’univers.
Et ils ne seront pas les seuls à s’opposer au Magus puisque la plupart des héros sont de la partie ainsi qu’une entité galactique aux pouvoirs incommensurables, le dénommé Galactus, accompagnée de ses hérauts.
Tous profitent du scénario passionnant mis en place par Starlin durant lequel on reste abasourdi tant les péripéties s’intègrent de bien belle façon au plan prévu par le Magus.
Mais si le scénario mérite de nombreux éloges, il en va autrement pour la narration. Et cela s’explique par le format : ce comic-book est tout d’abord paru en format kiosque aux USA. A l’époque (1992), il était de coutume de rappeler ce qui s’était passé dans les numéros précédents afin de ne pas perdre les lecteurs en cours de route. Et c’est exactement ce que l’on retrouve dans cet écrit. Aujourd’hui, force est de constater que ces redites ont tendance à lasser. On peut évidemment comprendre que le récit est daté (1992) et que ces rappels incessants sont surtout une marque de fabrique du passé mais son aîné, Infinity Gauntlet, était pourtant parvenu à éviter cet écueil.
Sans oublier le trait de Ron Lim – il avait déjà illustré une partie du Gant de l’Infini- qui, lui aussi, rappelle que ce récit ne date pas d’hier. D’un niveau tout à fait satisfaisant, Lim souffre tout de même de la comparaison avec George Pérez, dessinateur principal du crossover précédent, qui fait des merveilles avec tout ce qu’il touche. Et si certaines scènes dessinées par Lim laissent à désirer, notamment celles des combats, rien de dramatique n’est à signaler côté graphisme.
En conclusion, malgré un antagoniste moins charismatique que ne l’était Thanos et des dessins qui ont quelque peu vieilli, Infinity War reste un crossover à mettre entre toutes les mains. Tout d’abord, parce qu’on retrouve Jim Starlin au scénario et qu’il parvient, une fois encore, à réunir une kyrielle de héros sans pour autant en faire pâtir sa trame scénaristique. Ensuite, parce que même en plaçant Thanos dans une position inédite, celle d’un allié d’Adam Warlock et des Gardiens de l’Infini, il réussit son pari : développer son personnage fétiche tout en conservant son attrait. La Guerre de l’Infini est donc une suite digne du Gant de l’Infini que nous ne pouvons que trop vous conseiller.
Note : 7/10
R.L.