Chrononauts : Du Millar pur jus pour notre plus grand bonh…malheur

Que l’on ne s’y trompe pas, je suis généralement assez enthousiaste à l’idée de lire un comic-book scénarisé par Mark Millar. Comme vous pouvez le voir en lisant ma critique d’Empress, j’aime la manière avec laquelle l’auteur britannique nous entraîne dans son univers. Seulement, beaucoup le critiquent pour sa construction de récit qui ressemble à une juxtaposition de story-boards destinés à être transposés sur le grand écran.

Si, jusqu’ici, je n’avais jamais été véritablement gêné par sa façon de raconter une histoire, Chrononauts a, selon moi, poussé ce concept à l’extrême.

Pourtant, cette nouvelle série avait tout pour me séduire. D’abord, on remarquait un pitch prometteur, comme d’habitude avec Millar, qui met à l’honneur les voyages dans le temps et des aventures à différentes époques historiques. Ensuite, les présences de Sean Gordon Murphy aux dessins, un artiste talentueux, pour qui Punk Rock Jesus et autre Tokyo Ghost témoignent de son savoir-faire, et de Matthew Hollingsworth, coloriste hors-pair, laissaient présager le meilleur.

En d’autres mots, Chrononauts avait de quoi intriguer et les couvertures réalisées par Sean Murphy et imitant le style de « Retour vers le Futur » avaient le don de nous mettre l’eau à la bouche.

Malheureusement, quand vint le moment fatidique, la sortie en édition française chez Urban Comics, les craintes des détracteurs de Millar se sont confirmées. Chrononauts, c’est l’histoire de deux scientifiques qui vont être envoyés dans le passé. Tout ce qu’ils observent est filmé par une caméra placée sur leur combinaison et retransmis sur les écrans du monde entier. On assiste alors à une véritable révolution : imaginez-vous regardant des images de la guerre de Sécession au lieu de vous contenter d’en lire des analyses dans un livre d’Histoire ou de visionner une reconstitution à la télévision. Mais quand l’un des deux héros décide de rester dans le passé pour y profiter de la vie, tout se met en branle… Les chefs du projet décident alors d’envoyer une équipe de sécurité afin d’éliminer les deux scientifiques (ou de les ramener) puisque leur séjour dans le passé pourrait modifier le cours du temps à tout jamais.

En un volume, cet arc trouve une fin grâce à la vitesse de narration mise en place par Millar. C’est bien simple, tout va trop vite dans ce comic-book : le lecteur n’a pas le temps de s’attacher aux personnages puisqu’il ne connaît pour ainsi dire rien d’eux. Impossible de saisir pleinement l’enjeu qui consiste à préserver le passé (pour conserver le présent) puisqu’en quelques pages, le récit évolue d’une situation désespérée (ou presque) à une autre salvatrice.

Chrononauts T.01 est-il un mauvais début de série pour autant ? Ma réponse est mitigée. Ce volume s’adresse à tous ceux qui voudraient se plonger dans une histoire de voyages dans le temps sans prise de tête. Ici, les retournements de situation sont quelque peu prévisibles et l’histoire ne prend pas suffisamment le temps de se questionner sur la pertinence et les conséquences d’un saut temporel. En faveur de ce comic-book, on signalera tout de même la présence de Sean Murphy aux crayons qui, fidèle à lui-même, réalise une nouvelle fois un travail soigné. A côté de ça, Millar justifie les critiques de ses détracteurs et offre un récit déjà prêt pour le cinéma. L’histoire des personnages et la réflexion qu’aurait pu amener le principe de voyager dans le temps sont les grandes victimes d’un récit rapide et bourré d’action.

Chrononauts, c’est, pour les fans de Millar, un verre à moitié plein alors que les autres le verront à moitié vide dans le meilleur des cas.

Note : 5/10

R.L.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.