Ice Cream Man : une recette qui manque d’ingrédients

On l’entend, il arrive ! C’est lui ! Sa petite musique retentit dans toute la rue. Pas de doute, c’est le marchand de glaces ! Vite, courir jusqu’à son emplacement pour s’empresser de choisir le meilleur parfum. Trois personnes devant nous ; plus que deux ; la dernière paye sa glace et… c’est enfin notre tour ! Il ne reste plus qu’à commander. Mais prenez-garde, il ne faudrait pas se dévoiler au vendeur car « l’Ice Cream Man » restera tapi dans la ville, dans ses ombres, et dans la vie de ses clients pour leur offrir une saveur démoniaque.

Ice Cream Man, c’est le genre d’ovni dont la couverture, et la quatrième, interpellent d’emblée. Sur la première, on observe un homme arborant un sourire des plus malsains. Sur la quatrième, le descriptif d’un vendeur de glaces qui n’inspire que méfiance et suicide. Que l’on soit fan du genre ou pas, on constate que les ingrédients nécessaires pour pousser les lecteurs à ouvrir le livre ont bien été réunis. Et ce ne sont pas les premières planches qui vont nous démentir. Jugez plutôt : un dessin de Martín Morazzo qui, derrière des traits aux allures peu assurées, offre une ambiance macabre, et des couleurs ternes rappelant l’obscurité qui règne sur notre monde, une fois le soleil couché.

Un recueil en deça des attentes

Malheureusement, dès les premiers épisodes, on peut déceler le point faible du titre. Si l’originalité semble au rendez-vous, l’horreur, elle, n’y est pas. À cet égard, le comic-book souffre de la comparaison avec d’autres œuvres du même genre. Partons du côté des mangas, et du maître Junji Ito notamment, pour apprécier des ambiances bien plus lugubres et plus travaillées. Citons aussi Gideon Falls pour rester dans la branche des comics, et entrevoir un récit qui part de l’humain pour finalement s’orienter vers une trame fantastique.

D’ailleurs, comme pour la série de Jeff Lemire, Ice Cream Man puise dans des thèmes comme la dépression, l’addiction… et certains sont plutôt bien mis en valeur. Pourtant, force est de constater que l’on reste sur notre faim pour chacune des histoires. Comme s’il manquait un je-ne-sais-quoi de folie qui ferait passer un cap aux récits compilés dans ce premier tome.

Quant au personnage principal, le marchand de glace, il nous est difficile d’en dire plus. Dès la première histoire où il semble souffrir d’une malédiction, jusqu’à la dernière qui nous laisse sur un cliffhanger le concernant, nous n’apprendrons rien. C’est un homme qui semble se plaire à faire souffrir les autres, ses clients. Point. Pas d’origine story, pas de découvertes horrifiques à son égard (si ce n’est, peut-être, au sein de la première histoire). On croise les doigts pour que ça soit la faute au premier volume qui se veut, sans doute, introductif.

Enfin, le dessin perd, lui aussi, de son attrait au fil des pages. Le style des premières cases que l’on se plaisait à décrire comme particulièrement adapté finit par lasser. Certains visages manquent d’expression et, encore une fois, d’autres artistes ont déjà proposé mieux pour le même genre de comics.

Enfin, terminons sur une note positive. Ainsi, on mettra en exergue le travail de l’éditeur qui, une fois encore, nous gratifie de croquis et d’autres bonus en fin de volume.

Pour conclure, Ice Cream Man n’est pas un mauvais comic-book. Les idées sont bonnes, plutôt originales, mais manquent de finesse et d’horreur tout simplement. On aurait apprécié qu’elles soient plus ingénieusement exploitées afin de nous surprendre d’autant plus et de nous effrayer comme l’ont fait d’autres comics auparavant. Dès lors, on conseillera plutôt Ice Cream Man à ceux qui ne font pas des récits d’horreur leur livre de chevet.

Et puis, si vous aussi, vous recherchez à trembler le soir sous votre couette, voici quelques lectures que nous recommandons. En termes d’horreur brute de décoffrage, choisissez Crossed. Le récit met son lecteur aux prises avec des humains qu’un virus a rendu fous. Ils s’adonnent aux viols, aux meurtres et à la torture. Un choc pour les pupilles ! Si vous désirez un titre plus psychologique, optez pour Gideon Falls. Là, tout est dans l’ambiance et le graphisme de Andrea Sorrentino. Et le scénario n’est pas en reste puisqu’il est à mettre au crédit de Jeff Lemire !

Note : 5/10

R.L.

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