[Interview] Dan Slott, scénariste Marvel, se livre !

Parmi les personnages qui ont vu leur quotidien être chamboulé par le talentueux Dan Slott, on peut évoquer les Fantastic 4 ou encore le Silver Surfer. Mais le premier qui nous vient à l’esprit est évidement Peter Parker qui, après avoir été remplacé par le Docteur Octopus, a connu plusieurs versions dont certaines inventées par Dan Slott himself et que l’on peut (re)découvrir dans Spider-Man : Spider-Verse.

En punk, en cochon, sous les traits de Gwen ou encore de Miles Morales, vous avez l’embarras du choix !

Dan Slott : Si je devais choisir ma version favorite du personnage, ce serait celle de l’animé de 1967. C’était mon premier contact avec le héros. Il reste gravé dans ma mémoire et, pour cette raison, est ma version préférée de Spider-Man. « Spider-Man, Spider-Man… » (Il chante l’air du générique).

La série de 1967, moquée aujourd’hui, adulée à l’époque.


Dan Slott : Je me souviens, qu’un jour, un journaliste a demandé à une figure de la science-fiction, quel était, selon lui, l’âge d’or de la SF ? Doit-on évoquer Jules Verne ? Ou plutôt parler des années 50 ? Ou des années 60 et de Star Trek? Et la réponse de l’interviewé fut « 12 ». Il expliqua ensuite que tout ce qu’on découvre à l’âge de 12 ans nous marque au point de devenir notre âge d’or. Pour ma part, le Spider-Man que j’ai rencontré à 12 ans était celui de la série de 1967. C’est le meilleur !

Et si, aujourd’hui, on vous offrait la possibilité d’écrire sur l’une des autres versions de Spidey (Spider-Punk, Peter Parker, Miles Morales, etc.), laquelle choisiriez-vous ?

Je pense que comme nous l’ont appris les films, quelle que soit la personne sous le masque, il n’y a qu’un seul Spider-Man. Donc, peu importe : Spider-Man reste Spider-Man.

Revenons un peu en arrière. Vous avez écrit un run très apprécié : Superior Spider-Man. Le pitch était prometteur (NDR : remplacer Peter par le Dr. Octopus) mais encore fallait-il convaincre votre encourage. Comment cela s’est-il passé ?

Les seules personnes qui m’ont soutenu au départ étaient mon éditeur, Steve Wacker, et Tom Brevoort, un scénariste. Tous les autres à qui je présentais le projet ne voulaient pas que je le concrétise. Ils finissaient par être d’accord mais voulaient réduire le risque d’un flop en en faisant une série plus courte : « Ca peut être une belle histoire mais peux-tu la faire en 6 épisodes ? » Puis la proposition est passée à 12 épisodes. Ils voulaient un récit, un arc, qu’ils pourraient mettre de côté si jamais le public ne l’acceptait pas.

Nous n’avons pas laissé tomber et on s’est montré vraiment insistant. On tenait à écrire cette histoire jusqu’à la sortie de Amazing Spider-Man 2 au cinéma. On leur répétait qu’on comptait travailler sur ce récit pendant 18 mois pour plus de 30 épisodes.

Et quand le premier épisode est sorti, votre entourage a sûrement changé d’avis à son propos…

Le tout premier épisode est sorti et il a été annoncé en rupture de stock. Et puis, plusieurs réimpressions ont été prévues. Ensuite, d’autres scénaristes n’hésitaient pas à inclure la version de Spidey que j’avais imaginée dans leurs récits tout en me disant : « Nous adorons avoir le Superior Spider-Man dans nos comics ! » (rires)

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Tout semble vous avoir réussi sur la série. Vous n’avez aucun regret ?

Oh si, il y en a bien un. Nous avons inventé une histoire appelée « Alpha » qui a reçu des réactions négatives, très négatives même, lors de sa sortie. On fêtait les 50 ans de l’homme-araignée, donc, tout un chacun attendait une belle et importante histoire pour le personnage. Ce récit raconte comment une expérience de Peter Parker est devenue incontrôlable au point de transformer l’une des personnes qui y assistait. Peter s’en est voulu et a choisi de devenir un mentor pour réparer l’erreur qu’il avait commise.

Cette histoire, telle que vous la racontez, ne semble pourtant pas mauvaise…

Non, c’est plutôt le format qui a causé sa perte. Je l’ai écrit dans le but de la sortir en un seul morceau et le choix éditorial final fut de la diviser en 3. Et puis, même si je voulais que Spidey ait son sidekick comme Batman a Robin, personne ne voulait de ce coéquipier pour Spider-Man parce que c’était un co*****.

Si c’était pour la diviser, vous auriez préféré ne pas la publier du tout ?

Exact ! Pour en revenir à mon plus grand regret : c’est de ne pas m’être suffisamment battu. On aurait dû faire cette histoire à fond, comme imaginée au départ, soit en un seul volume, ou ne pas la faire du tout.

Mais Alpha n’est pas foutu pour autant… C’est ça l’avantage des histoires Marvel : si un personnage ne convient pas, on peut toujours le tuer et rebooter son histoire.

Parlons de choses plus positives : quel est le travail dont vous êtes plus fier ?

J’ai vraiment apprécié travailler sur le Surfer d’Argent. Avec Mike Allred, on a fourni énormément de contenu très rapidement. C’est comme ça que ça marche maintenant : on ne veut plus attendre si longtemps pour la prochaine saison de Black Mirror, j’ai regardé la saison une d’Umbrella Academy d’une traite… Le public (moi compris) veut tout, tout de suite.

Pour l’industrie des comics, c’est cette volonté d’instantanéité (ou presque) qui fait que l’on ne peut plus demander à un seul artiste de dessiner l’intégralité d’une histoire. A tel point que pour un dessinateur, le comic-book sur lequel il travaille n’est pas son comic-book. Ce n’est plus vraiment son œuvre mais bien une œuvre partagée.

D’où la fierté d’avoir travaillé à deux, avec Mike Allred, sur le Silver Surfer. On vivait pour le même objectif, c’était notre histoire, notre comic-book.

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Après le Surfeur et Spider-Man, ce sont d’autres héros qui occupent vos journées : les 4 Fantastiques. Vous avez toujours dit les adorer, on peut donc s’attendre à de très longs runs sur ces personnages ?

J’écrirai jusqu’à ce que Marvel me vire (rires) ! Plus sérieusement, c’est déjà ce que j’avais dit pour Spider-Man à l’époque. En fait, après le numéro 800, je me suis dit « c’est bon, mon run est terminé. » A ce moment-là, je voulais juste partir sur un bon épisode, une belle histoire.

Pour les Fantastic Four, je ne sais pas quand ça finira mais j’espère pouvoir écrire de longs récits à leur sujet pendant plusieurs années !

En tout cas, c’est tout le mal que l’on vous souhaite ! Merci encore pour cette agréable conversation.

Merci à vous !

Interview par R.L.

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