Querelleurs, haineux, assoiffés de sang et de sexe… les Orcs ne sont pas ce que l’on pourrait appeler une espèce conviviale. Et comme ils n’ont pas vraiment d’ennemis, ils n’ont d’autres choix que de se livrer à des guerres intestines pour étancher leur soif de violence. A tel point qu’on a rarement vu un Orc prendre le pouvoir suffisamment longtemps pour s’en vanter. Pourtant, ces luttes fratricides pourraient bien prendre fin depuis qu’est apparu le grand Orctsar. Désirant mettre la main sur le Chibre divin, il est parvenu à unifier de nombreux clans d’Orcs, prouesse qu’aucun membre de son espèce n’avait réussi à accomplir jusqu’alors.
Bien que rien ne semble lui résister, l’Orctsar préfère ne pas prendre le moindre risque et choisit d’envoyer ses meilleurs guerriers à la recherche d’un Orc borgne après qu’un oracle lui ait annoncé que celui-ci pourrait mettre à mal tout son empire.
On ne le dira jamais assez, l’heroic fantasy est un genre sous-représenté dans les comics. Néanmoins, il arrive qu’un auteur s’y aventure et tente de proposer au lectorat une histoire pleine de magie, d’elfes et de nains. Et si la magie est bien présente, la race propulsée sur le devant de la scène par James Stokoe dans Orc Stain est, comme le titre l’indique, celle des Orcs. Des créatures sanguinaires comme aime les dessiner l’artiste que l’on a déjà pu voir sur des épisodes d’Aliens ou encore de Godzilla.
Et s’il était habituel de lire ses travaux en VF chez Wetta, c’est désormais vers Casterman, et son label Paperback, qu’il faut se tourner puisque c’est chez cet éditeur que vous découvrirez la série Orc Stain.
Comme vous avez pu le constater en lisant les quelques modestes lignes d’introduction de cet article, Stokoe nous emmène dans un monde fantastique mais guère féerique. Les Orcs s’entre-déchirent, boivent et « baisent »… Et c’est au milieu de ces… « joyeux lurons » que se trouve notre héros, le dénommé « Qu’Un Œil ». Parce que oui, les Orcs ne prennent pas le temps de se donner des noms. Ils ne vivent que pour leur gronche (leur sexe) qui leur est indispensable au quotidien puisqu’ils s’en servent évidemment pour l’une ou l’autre amourette bestiale mais pas que, puisque leur entre-jambes constitue également un trophée que tout un chacun convoite. Découpez celui d’un ennemi et vendez le afin de boire jusqu’à plus soif ! Pour faire simple : l’univers qu’a développé Stokoe est fouillé et regorge de bonnes idées toutes plus farfelues les unes que les autres et surtout, toujours en adéquation avec le monde qu’il dépeint !
Même le langage utilisé par les Orcs (les mots sont hachés et il manque bien souvent quelques lettres ici et là) renforce le côté immersif du titre.
Et il en va de même pour le graphisme caractérisé par un trait quelque peu « brouillon » mais totalement assumé. C’est bien simple, une fois ce premier tome englouti, il est bien difficile d’imaginer les Orcs dessinés autrement tant Stokoe est parvenu à représenter ces monstres dégénérés avec panache.
En conclusion, vous l’aurez compris, Orc Stain fait partie des immanquables de la rentrée. Le récit est captivant et tout l’univers dans lequel il prend vie fait preuve d’une originalité sans borne. C’est frais, passionnant et surtout, très intelligent ! Chaque bonne idée complète la précédente pour offrir au lecteur un véritable début de série tonitruant au pays des Orcs ! Vivement le tome 2 !
Note : 8/10
R.L.