S’il y a bien un personnage qui crève l’écran en ce moment, c’est Thanos ! Audacieux, redoutable, omnipotent, charismatique… Le Titan intrigue par bien des aspects. Dès lors se pose la question de ses origines. Comment un tel monstre a-il pu voir le jour sans que quiconque ne l’empêche ? Pour répondre à cette question, la Maison des Idées choisit de faire confiance à un auteur confirmé : Jason Aaron (Scalped, Star Wars, Thor). Adulé par une importante partie du public, le scénariste américain se lançait donc dans les pas du maître, Jim Starlin, papa de Thanos si l’on peut dire, pour écrire la trame scénaristique du comic-book : « Thanos : L’ascension ». Et si à l’impossible nul n’est tenu, et encore moins quand l’on est déjà parvenu à rallier le public à sa cause grâce à des récits passionnants comme Thor : Le Massacreur de Dieux ou Scalped, scénariser une telle origin-story reste un challenge relevé.
Pour l’entame de son récit sur les origines de Thanos, Aaron choisit tout simplement de commencer par le… commencement, à savoir la naissance du Titan. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les débuts de ce dernier dans l’univers ne furent pas de tout repos puisque celui qui deviendra l’un des pires ennemis des Avengers faillit déjà perdre la vie. Mais Thanos survécut et devint un jeune garçon qui, lors de ses études, faisait montre d’une intelligence bien plus développée que celle de ses camarades et d’une curiosité innée. Deux traits de personnalité qui deviendront les principaux outils de sa quête identitaire. Car personne jusqu’ici n’a pu lui expliquer pourquoi son patrimoine génétique était à ce point différent de celui ses parents. Et pour trouver les réponses à ses questions, Thanos est intimement persuadé qu’il doit user de la violence.
L’idée est intéressante et dévoile un certain potentiel mais le scénariste ne parvient pas à en faire le ciment d’une œuvre marquante. Sans entrer dans les détails, sachez que l’histoire, certes plaisante, aurait pu gagner en consistance sur bien des aspects. Par exemple, les relations qu’entretient Thanos avec sa famille se limitent au strict minimum. On comprend aisément les différents problèmes familiaux qui ont contribué à créer la personnalité du Titan telle qu’on la connaît mais, d’un autre côté, on ne peut s’empêcher d’en vouloir plus pour ce titre qui aurait peut-être pu (dû?) s’étaler sur un nombre d’épisodes plus conséquent.
En attendant, les quelques chapitres qui constituent cette histoire mêlent tantôt des idées originales, tantôt d’autres banales au possible. A cet égard, les parents de Thanos illustrent parfaitement cette situation puisque quand le scénariste imagine une destinée à la fois dramatique et intrigante pour la mère du Titan, il transforme, dans le même temps, le père en un protagoniste bancal et stéréotypé.
Sans oublier la Mort, personnage incontournable dans la vie de Thanos, qui nous laissera perplexe tant la personnalité de la faucheuse ne présente que trop peu de points communs avec celle imaginée par Jim Starlin.
Et puis, un mot sur les dessins pour terminer cette review : pour donner vie à cette histoire, Simone Bianchi (Thor, Star Wars, Wolverine), artiste au talent indéniable, fait preuve de beaucoup de savoir-faire, comme il en a l’habitude, et fait évoluer un Thanos charismatique dans des décors majestueux. Un vrai régal.
En bref, le nom de Jason Aaron sur la couverture laissait entrevoir un récit mémorable et captivant tandis que celui de Simone Bianchi nous promettait de sublimes planches à nous mettre sous la dent. Et à ce niveau, seul le dessinateur a rempli sa part du contrat. En ce qui concerne le scénariste, force est de constater que nous sommes loin du niveau qualitatif auquel il nous avait habitué, et ce même si quelques bonnes idées auront tendance à nous rappeler que c’est bien l’auteur de Scalped que l’on retrouve derrière Thanos : L’ascension.
Note : 6/10
R.L.