Le Black Beetle, c’est le super-héros qui veille sur la ville de Colt City au profit de la justice. Le Black Beetle, c’est aussi l’ombre qui se faufile chez les familles mafieuses pour stopper leurs projets d’extorsion. Mais le Black Beetle, c’est d’abord une identité secrète qui ne manque pas de panache.
Et si le Black Beetle correspond bien à tout ce qui précède, c’est surtout un personnage de Francesco Francavilla qui rend hommage à l’âge d’or des comics.
Une ambiance sur mesure !
C’est tout à fait par hasard que je suis tombé sur cette série dans l’une de mes bouquineries bruxelloises favorites. Un dessin accrocheur et un prix ridiculement bas… Il ne m’en fallait pas plus pour acquérir cette pépite.
Commençons par évoquer le graphisme de ce comic-book particulier, élément décisif lors de mon achat. Le dessin et sa colorisation rappellent sans conteste les pulp magazines et installent sans difficulté une atmosphère délicieusement rétro perceptible à chaque page. Pour réussir cela, Francavilla, dont on a déjà pu admirer le travail sur des épisodes de Batman, Fear Agent, Zorro… a misé sur un style épuré composé de couleurs tirant sur le rouge, l’orange et le noir. La mise en page est, elle aussi, subtile et participe à la beauté de ce comic-book. L’artiste italien n’hésite pas à varier les plans, les angles de vue et joue avec, tantôt de petites cases, tantôt de plus grandes et même, à quelques reprises, avec des doubles pages qui pourraient faire office de magnifiques posters. Le résultat est du plus bel effet et traduit à merveille l’expression : « faire du neuf avec du vieux ». Le tout respire le Jazz, la mafia italienne, les belles femmes, les années 40 et on en redemande !
Un scénario à la hauteur des dessins
Si l’on ne trouve rien à redire à l’ambiance de ce premier volume dédié au Black Beetle, le scénario, lui non plus, n’a pas à rougir ! Narration, révélations, scènes d’action… Tout contribue à la réussite de cette œuvre ! Francavilla se réapproprie les concepts qui ont forgé les légendes de célèbres détectives comme Dick Tracy ou encore Batman. Une chose est sûre : cette série n’est pas à réserver aux nostalgiques mais bien à tous les lecteurs adeptes de séries policières.
Fan de l’homme chauve-souris, j’ai retrouvé dans « The Black Beetle : Sans issue » tous les éléments qui m’avaient poussé, jadis, à suivre encore et encore les aventures de l’alter égo de Bruce Wayne. Lors de certaines péripéties, j’avais presque l’impression de redécouvrir les dessins animés consacrés au Batman des années 90 (Batman: The Animated Series) !
Et pourtant, The Black Beetle est à mille lieux de la copie d’œuvres littéraires et télévisuelles… Francesco Francavilla, tout en puisant incontestablement dans diverses sources d’inspiration, propose un récit frais qui mérite bien des éloges.
Dans les faits, l’aventure commence au musée d’histoire naturelle où une ancienne relique égyptienne intéresse le führer au plus haut point, le contexte étant celui des prémisses de la Seconde Guerre mondiale. Alors que les nazis n’hésitent pas à éliminer tous les témoins qu’ils rencontrent, le Black Beetle intervient et s’oppose à leur entreprise. Et ce n’est pas là le seul défi que l’intrépide héros devra relever puisqu’une bombe signera l’arrêt de mort de nombreuses figures de la mafia.
Comme pour le graphisme, le ton adopté est résolument rétro et la narration est telle qu’il devient difficile de mettre sa lecture en pause avant d’entrevoir la fin de ce premier volume.
L’œuvre semble tellement parfaite qu’il devient dommageable, même si ce volume fait office d’introduction au personnage, que ce dernier n’ait pas bénéficié de plus de background. Jusqu’ici, l’auteur ne révèle rien sur les origines de son protagoniste principal. Pire encore : aucun indice ne laisse deviner la véritable identité de celui qui porte le costume du Black Beetle. Et pour ceux qui espèreraient en apprendre plus grâce au deuxième volume, sachez qu’il se fait toujours attendre à l’heure d’écrire ces quelques lignes…
Néanmoins, ce premier tome comprend un arc complet, et ce même s’il présage une suite. Dès lors, il serait inopportun de ne pas sauter sur l’occasion de savourer ce récit haut en couleur !
Note : 9/10
R.L.