J’aime le gore, rien de neuf sous le soleil. Il suffit de lire mes premiers articles pour remarquer que Crossed et Walking Dead sont déjà passés sous mon œil critique. Cependant, je ne suis pas un adepte du « gore pour du gore ». Au contraire, j’apprécie que les situations les plus trash soient justifiées par un scénario savamment mis en images. Ajoutez à ceci que je suis un drogué de séries TV d’enquêtes policières et vous comprendrez vite pourquoi j’ai succombé aux charmes de « Nailbiter ».
Quand tuer devient original
Un serial killer capturait des personnes qui se rongeaient les ongles, les gardait captives en attendant que leurs ongles repoussent et finissait par ronger à la fois ces derniers ainsi que l’extrémité de leurs doigts. Une fois son méfait accompli, celui qu’on appelle le « seizième boucher » mettait un terme aux supplices de ses proies en les tuant.
Un autre criminel, raillé enfant pour son analphabétisme, avait trouvé une façon originale de se venger : il incendiait des bibliothèques… alors que les clients s’y trouvaient encore.
Un autre torturait minutieusement ses victimes : il percevait dans un corps meurtri une forme d’art.
Le point commun entre ces meurtriers ? Ils sont tous de Buckaroo.
C’est dans cette bourgade que prend place la trame scénaristique de ce comic-book. Buckaroo a vu naître plusieurs tueurs en série. 16 pour être précis. Et c’est pour comprendre les raisons de l’émergence de ces meurtriers que l’agent Caroll, membre du FBI, décide de faire appel à l’ex-agent Finch de la NSA. Accusé de meurtre et suspendu de ses fonctions, Finch se laissera convaincre par son ami. Mais sur place, il sera confronté à une nouvelle énigme : où est donc passé l’agent Caroll ?
Au cours du récit, il faudra se rendre à l’évidence : ce comic-book ne s’adresse pas aux âmes sensibles. Et ce même si les auteurs de Nailbiter n’ont pas l’ambition d’égaler le grand nombre de litres d’hémoglobine déversé dans chaque page de Crossed par exemple (A voir ici). Dans le cas présent, la plupart des crimes sont évoqués en une, voire deux images. En fait, les différents tueurs et les faits dramatiques cités plus haut n’existent que pour offrir un contexte perturbant au scénario imaginé par Joshua Williamson. Déjà remarqué sur des séries comme Ghosted ou Birthright, cet auteur réussit un nouveau tour de force en créant une atmosphère sombre proche de ce qu’on pouvait notamment voir dans le film de David Fincher, « Seven ». A ce propos, soyons clairs : ce premier volume n’a pas à rougir de la comparaison avec d’autres œuvres policières reconnues.
Et les personnages y sont également pour quelque chose puisque chacun amène sa pierre à l’édifice et il devient rapidement impossible de cerner qui tire les ficelles dans la ville de Buckaroo.
Une ville où il ne fait pas bon vivre
Glauque, intrigante, morbide, la ville de Buckaroo parvient à voler la vedette à Finch.
Et l’intrigue qui s’y développe n’est pas en reste dans ce « Nailbiter 1 : le sang va couler » puisqu’elle ne perd pas de temps pour instaurer un climat pesant au sein duquel se dévoile une enquête rondement ficelée : chaque citoyen peut être un tueur en puissance et derrière chaque habitant se cache une future victime potentielle.
Si le scénario semble frôler la perfection, c’est du côté des dessins de Mike Henderson (TMNT) que l’on peut trouver à redire. Bien que les visages soient reconnaissables, que l’ambiance soit en adéquation avec le propos et que les scènes de meurtre laissent entrevoir la gravité des crimes sans pour autant verser dans le gore à outrance, force est de constater qu’il manque ce petit grain de folie qui permettrait d’élever ce comic-book au rang de chef-d’œuvre. En d’autres termes, les dessins pourraient rentrer dans la case « rien à signaler ». C’est à dire que s’ils font le boulot, ils s’en contentent et ne subliment pas l’histoire, à l’image d’un sportif qui se limiterait à faire ce qu’on lui a demandé sans jamais briller par un coup d’éclat.
Outre ce menu détail négatif, Nailbiter 1 est un récit noir qui ne ment pas sur la marchandise : au programme, une plongée dans un univers sinistre où se côtoient des tueurs en série qui participent tous à leur manière à ce thriller psychologique. Les premières pierres de cette série ont été savamment posées et la suite ne devrait pas être dénuée d’intérêt !
Note : 8/10
R.L.