Justice Society – The Golden Age : le Watchmen version Société de Justice

Les équipes de super-héros, il en existe une pléthore. La Justice League en tête de file. Dans le même registre, les plus connaisseurs en la matière vous citeront sûrement la Société de Justice. C’est ce tout premier groupe de super-héros qui occupe le rôle central dans le comic-book dont il est question ici : Justice Society : The Golden Age, publié dans la collection « DC Confidential ».

La Société de Justice est née en 1940 et on y trouvait des héros comme Hourman, le Spectre, Green Lantern ou encore Flash. Plus tard s’ajouteront Batman et Superman et d’autres têtes bien connues de tous, ou presque. Loin de nous l’idée de vous étaler toute l’histoire de cette équipe, mais sachez tout de même que ces héros s’inscrivaient dans ce qu’on appelle encore aujourd’hui : l’âge d’or des comics, le « Golden Age » dans la langue de Shakespeare.

Les années passent, la Société de Justice connaît des hauts et des bas, jusqu’au jour où James Robinson et Paul Smith décident d’écrire Justice Society : The Golden Age. Ces deux artistes sont poussés par un événement de taille décrété par DC Comics : la Société de Justice qui faisait jusqu’alors partie d’un univers parallèle, ce qui permettait d’annihiler toutes les incohérences existantes dans l’histoire de cette équipe, réintègre la timeline officielle de DC. Robinson et Smith y voient l’occasion idéale d’expliquer (enfin!) ce qui s’est passé entre la deuxième guerre mondiale et la dissolution de ce groupe de héros.

Chef d’œuvre au menu !

Attention, c’est une œuvre majeure dont il est question ici. Il n’est nullement question d’un énième crossover lambda réunissant des héros contre une menace intergalactique. Au contraire ! Si l’on devait faire un rapprochement entre The Golden Age et un autre comic-book, on choisirait… Watchmen. Evidemment, ce dernier est un récit emblématique, iconique, intelligent, fabuleux et j’en passe. Pourtant, s’il ne l’égale pas (et de loin!), The Golden Age présente des qualités et des similitudes indéniables. Tout d’abord, le contexte. Dans The Golden Age, la deuxième guerre mondiale est terminée et aux Etats-Unis débute la lutte contre le communisme. La commission interroge les citoyens américains susceptibles d’être de mèche avec la Russie pendant que la délation est approuvée et récompensée par le gouvernement.

Dans ce climat d’après-guerre, on découvre alors des super-héros à la retraite depuis la défaite d’Hitler, chacun ayant choisi une autre voie pour des motifs personnels (dépression, changement de carrière…). Puis, dans les faits, les soldats américains sont revenus de la guerre en héros. Ce sont eux qui sont acclamés et remerciés par le peuple et les politiques. Pour ce qui est des super-héros en collants par contre…

Dès lors, James Robinson décide de répondre à deux questions essentielles (dont nous ne vous révélerons pas les réponses ici) : pourquoi ces super-héros n’ont-ils pas agi pendant la guerre ? Eux qui auraient pu y mettre fin en une après-midi… Et pourquoi restent-ils dans l’ombre après 1945 au lieu de continuer à sauver la veuve et l’orphelin ?

Comme pour Watchmen, pour répondre à ces questions, l’auteur nous invite à suivre les différentes relations qui existent entre certains personnages et celles qui naissent au cours de cette histoire. En d’autres mots, les protagonistes de The Golden Age vivent, s’interrogent et tentent de survivre pendant une période où les super-héros n’ont plus la cote. Qui plus est, outre la menace rouge, un autre danger se tapit dans l’ombre et il faudra bientôt agir. De fil en aiguille, au jeu des relations existantes entre les différents protagonistes s’ajoute un complot, un mal obscur qu’il faudra détruire. De quoi tenir d’autant plus les lecteurs en haleine.

Déconstruire pour mieux…

Il est ici question d’un récit intelligent où, encore une fois, comme pour Watchmen (mais dans une moindre mesure tout de même), on déconstruit le mythe du super-héros pour l’étudier, l’analyser et le comprendre en quelque sorte. Chaque élément scénaristique complétant le précédent, The Golden Age aboutit sur son grand final, à la hauteur de ce que les différents épisodes nous avaient laissé espérer.

Paul Smith n’est pas étranger à ce succès puisque ses dessins stylisés constituent un parfait entre-deux : sans faire partie des graphismes les plus oldschool qui soient, le trait de l’artiste devrait tout de même déstabiliser les lecteurs en recherche de modernité. Mais pour The Golden Age, il ne pouvait en être autrement. Le dessin est accrocheur, dynamique et, surtout, va de pair avec ce scénario pondu au début des années 90.

Néanmoins, The Golden Age n’est pas à réserver à tous les lecteurs. Tout d’abord, parce qu’il est préférable d’avoir déjà lu d’autres œuvres de ce type pour en comprendre les messages. Ensuite, car il est nécessaire de savoir à quoi s’attendre, dans une certaine mesure, avant de plonger dans ce récit. Derrière sa couverture ornée de super-héros, The Golden Age sort des sentiers battus pour offrir une histoire moins commerciale et grand public, mais plus réfléchie et référencée.

Enfin, on évoquera le nombre de personnages tout de même conséquent (même si on a déjà vu bien pire). Ne pas les connaître ne vous empêchera pas de profiter pleinement de votre lecture mais il vous sera tout de même demandé d’opérer quelques allers-retours jusqu’aux premières pages. Celles-ci vous résument, en quelques lignes, qui est qui et quels sont les pouvoirs des différents héros.

En conclusion, Society of Justice : The Golden Age n’est pas Watchmen. On en est même loin et sur bien des points. Pourtant, il s’agit d’une valeur sûre également ! Dans The Golden Age, que ce soit au niveau des dessins, du scénario ou de ses messages, tout fonctionne. Le récit s’appuie sur ses plus grosses forces (Jeu de relations entre personnages, complot qui grandit dans l’ombre, contexte historique assez justement retranscrit…) pour nous offrir une œuvre de qualité qu’Urban Comics a eu raison de publier !

Note : 9/10

R.L.

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