Si Marvel et DC se disputent inlassablement le marché des comics, des alternatives aux big two existent. Et il n’est pas question de séries « B » et autres récits au rabais puisque l’univers super-héroïque dont il est question dans cet article mérite toute votre attention à bien des égards : j’ai nommé Valiant Comics.
Chez nous, c’est un petit éditeur qui, après Panini, a acquis les droits de Valiant, à savoir : Bliss Comics. En s’appuyant sur un travail éditorial qualitatif, cette maison d’édition française réunit de nombreuses séries sous la forme d’intégrales comme c’est le cas pour Harbinger.
Trêve de bavardages, entrons dans le vif du sujet !
X-Men VS Psiotiques
Imaginez un monde, notre monde. Dans celui-ci vivent des êtres dotés de puissantes facultés comme le pouvoir d’immoler un être humain ou celui de le contrôler mentalement. Non, il ne s’agit pas des X-Men et ce, même si la bande de Xavier a certainement influencé l’origine de ce récit.
Pour preuve, ici aussi, un mentor nommé Char… Toyo Harada veut rassembler ceux qu’il nomme « Psiotiques » sous la bannière « Harbinger ». Avec leur aide, il entend assainir le monde. Mais, à l’inverse de Charles Xavier, les méthodes de l’industriel Harada ne sont pas exemptes de reproches. En témoigne l’activation de ses petits protégés. Pour faire court, le lecteur apprendra très vite que les pouvoirs des psiotiques restent latents toute leur vie dans la plupart des cas sauf s’ils sont « activés » par le biais d’une opération qui s’apparente plus à de la torture qu’à toute autre chose. Qui plus est, le ratio de réussite n’est pas de cent pour cent puisqu’un psiotique sur quatre y laissera la vie…
Face à ce triste constat, Peter Stancheck décide de fuir la fondation d’Harada et de réunir sa propre équipe afin de s’opposer à l’industriel et ses démarches peu conventionnelles. Et ce n’est pas tout : un autre groupuscule, le Project Rising Spirit, tient à profiter des psiotiques et les utilise sans vergogne pour accomplir les tâches les plus meurtrières.
Autrement dit, là où les X-Men combattent bien souvent des ennemis facilement identifiables comme tels, ici, il est bien plus difficile d’y voir clair. Il suffit de s’intéresser au cas Harada pour s’en rendre compte : la vision qu’il veut imposer semble des plus positives, pourtant, force est de constater que les moyens mis-en-oeuvre restent très discutables.
Il en va de même pour Peter qui n’entre pas du tout dans la case du gentil super-héros qui n’a rien à se rapprocher. Il est plutôt question d’un drogué aux médicaments qui cherche à trouver sa voie et à vivre sa vie comme il l’entend.
Une approche des plus intéressantes et qui participe à l’immersion du lecteur puisque, comme dans la réalité, personne n’est parfaitement bon ou complètement mauvais.
Quoi qu’il en soit, face à l’ensemble des personnalités rencontrées tout au long d’Harbinger, le lecteur devra s’accrocher un tant soit peu. Entre prénoms, noms de code et pouvoirs… une bonne mémoire est requise. On mettra d’ailleurs en exergue le travail de l’éditeur qui, pour faciliter la lecture, a disposé des schémas et récapitulatifs en début d’épisodes afin de faciliter la vie du lectorat. Ce qui ajoute encore un bon point à un comic-book qui n’en manquait pas.
Riche et bien écrite, l’intégrale Harbinger (composé de Harbinger et de Harbinger Wars) propose donc un récit captivant. Tantôt celui-ci puise dans les meilleures idées de son aîné, les X-Men, tantôt il s’aventure sur un chemin original et novateur. Et quelle que soit la direction prise par le scénario, cela se traduit par une réussite.
Enfin, un mot sur les dessins qui contribuent également à l’œuvre puisqu’ils sont tous de très bonne facture et poussent d’autant plus à la découverte de l’univers Valiant et ce, malgré les changements d’artistes en cours de récit.
En conclusion, l’intégrale Harbinger s’adresse à tous ceux qui voudraient s’aventurer dans l’univers Valiant via une solide porte d’entrée. Fort d’un récit où personnages intéressants et aux personnalités complexes participent à une trame narrative travaillée, Harbinger devrait convaincre (si ce n’est déjà fait) de nombreux lecteurs las des productions de la concurrence à changer de crèmerie.
Note : 9/10
R.L.