Dans la vie, il y a ceux qui verront le verre à moitié vide et les autres qui insisteront sur la partie pleine. Apocalyptigirl, nouveau comic-book intégrant le label Paperback de Casterman, en est le parfait exemple. Voici pourquoi.
Du côté du verre à moitié vide, une partie du public qui découvrira des dessins parfois sommaires, parfois bizarres mais dans tous les cas, des plus particuliers. Le tout enrobé dans une ambiance, elle aussi, atypique. Elle suivra les aventures et mésaventures d’Aria, une jeune fille accompagnée d’un chat, sur un monde post-apocalyptique, d’un œil interrogatif puisque l’endroit restera, tout au long du récit, très mystérieux et que le scénario sera assez radin en matière de révélations.
Le sentiment de ce type de lecteur sera de trouver, une nouvelle fois, les mêmes ficelles narratives que dans d’autres productions. La religion, la domination par les armes, la guerre… les causes de la désolation d’un monde, réel ou non, sont toujours les mêmes. Et elles n’ont d’ailleurs pas épargné les lieux où déambulent Aria et son animal de compagnie.
Tantôt confrontée au clan des Barbes Grises, tantôt à celui des Bleutés, l’héroïne devra constamment rester sur ses gardes afin qu’aucun être ne remonte la trace de son chez-elle, une station de métro laissée à l’abandon que même elle devra régulièrement quitter pour poursuivre un mystérieux objectif.
Les lecteurs – ceux du verre à moitié vide, souvenez-vous! – ne verront en Apocalyptigirl qu’une introduction à un univers dont on ne connaît que trop peu de choses. Et quand les quelques dernières pages annonceront la couleur de ce qui se trame vraiment, ils ne pourront s’empêcher de pester contre un récit qui n’aura jamais vraiment décollé.
Mais pour les autres, Casterman aura encore fait parler la poudre (éditoriale). Entre des dessins d’inspiration Mignolesque ou encore influencés par Paul Pope et une trame scénaristique qui sent bon l’originalité et la réflexion, il y aura de quoi séduire plus d’un fan !
D’ailleurs, les plus fins connaisseurs ne seront pas en terre inconnue puisque c’est Andrew MacLean (Headlopper) que l’on retrouve à la fois au scénario et aux dessins. Artiste dans l’âme, celui-ci est encore jeune dans le métier mais commence déjà à se bâtir une solide réputation en s’appuyant sur un trait bien à lui malgré les quelques influences perceptibles et une manière tout aussi personnelle de rythmer ses histoires. A cet égard, le lecteur a droit à de la poésie lors de passages plus lents et réfléchis entrecoupée de scènes d’action bien senties pour aboutir sur un final révélateur.
Vous l’aurez compris, Apocalyptigirl divisera sans conteste les fans de comics : entre ceux qui n’y verront que le récit d’une survivaliste sur un monde hostile caractérisé par des dessins sommaires et ceux qui y décèleront plutôt un univers travaillé et un graphisme aux influences marquées par les plus grands. Un comic-book qu’il est donc difficile d’évaluer et pour lequel nous choisirons la facilité : lui accorder la moyenne. Dès lors, à vous de choisir si cette note est une bonne note et permet à ce roman graphique de passer du rayon librairie à votre bibliothèque personnelle ou si, au contraire, la moyenne en question est révélatrice d’un livre qui attendra d’arriver en bibliothèque et/ou en bouquinerie pour que vous posiez votre regard dessus.
Note : 5/10
R.L.