Weird : mystérieux, bizarre… étrange ! Oui, ce « Weird Detective : Sous de mauvaises étoiles » nous plonge, à n’en pas douter, dans le monde de l’étrange !
Féru de fictions policières, j’ai opté pour ce comic-book sur seules bases de son titre et de ses dessins rappelant une ambiance comme on pouvait en découvrir dans les pulp magazines, ces publications datant de la première moitié du vingtième siècle et faisant les beaux jours de la science-fiction. Dès lors, je m’attendais à un polar teinté de faits obscurs, voire surnaturels. Et je dois dire que je n’ai pas été déçu.
Dès les premières pages de ce comic-book, l’histoire qui nous est contée laisse entrevoir sa dimension « étrange ». Jugez plutôt : une enveloppe corporelle humaine vidée de tout ce qu’elle contenait (organes, os…) est retrouvée au fond d’une piscine. Pour résoudre cette affaire ? Un policier lambda et particulièrement discret qui, en l’espace de deux mois, s’est mué en véritable Sherlock Holmes.
Fort de 17 sens, alors qu’un être humain n’en possède que cinq, l’inspecteur Sebastian Greene se révèle être bien plus qu’un super-flic : il n’est autre qu’une entité extraterrestre présente sur Terre dans un but bien précis. Et les meurtres perpétrés par celui qu’on appelle désormais « le tueur à la paille » pourraient bien le conduire à son objectif.
Fantastique façon Lovecraft
Neonomicon, Providence… le maître de l’horreur et du fantastique qu’était H.P. Lovecraft se voit remis au goût du jour dans plusieurs comics. Et c’est à nouveau le cas avec ce Weird Detective où des êtres surnaturels rappellent sans équivoque les dieux sortis de l’imagination du célèbre romancier et où différentes allusions (Red Hook, Innsmouth…) renvoient à son œuvre littéraire.
Néanmoins, à l’inverse de Providence, « Weird Detective » n’est pas à réserver aux adeptes des écrits de l’écrivain américain. Seules quelques références précises ne trouveront pas écho chez les profanes de l’univers de H.P. Lovecraft, ce qui ne les empêchera pas d’apprécier le récit pour autant.
Et comme il faut rendre à César ce qui est à César, il est de bon ton de préciser que s’inspirer de l’univers d’un auteur reconnu ne suffit pas, encore faut-il se l’approprier et le faire vivre. C’est la mission qui incombait à Fred Van Lente, mission que ce scénariste, déjà remarqué sur les séries Marvel Zombies et Archer & Armstrong, accomplit avec brio.
Pour le reste, sachez que l’enquête policière présente un judicieux équilibre entre discussions et scènes d’action, même si ces dernières sont généralement assez courtes.
Le dessinateur Guiu Vilanova, quant à lui, parvient à développer grâce à son trait une atmosphère rétro/pulp dans laquelle baignent la mafia, un meurtrier, des policiers ripoux… Enfin, il faut aussi mentionner la colorisation (Josan Gonzalez/Mauricio Wallace) qui sied à merveille au titre !
Ajoutez à cela une bonne dose de fantastique et vous obtiendrez la recette de ce Weird Detective qui, s’il ne s’impose pas comme un must-have absolu, n’en reste pas moins une très bonne histoire qui comblera de nombreux fans de Lovecraft mais pas que.
Note : 9/10
R.L.