Five Ghosts n’est pas n’importe quelle série de comics. Feuilleter un volume revient presque à l’acheter tant le récit en question présente une identité propre et un charme particulier.
Autrement dit, son graphisme résolument rétro rappelant les pulp magazines et son scénario qui aurait pu être celui de tout bon film des années 80 sont parvenus à me charmer.
Pourtant, lors de ma première lecture du tome 1 « La possession de Fabian Gray », je dois avouer être resté sur ma faim. Fabian Gray, un chasseur de trésors possédé par les fantômes de figures emblématiques de la culture populaire, révélait trop vite la puissance de ses pouvoirs à mon goût : dès les premières pages, on apprenait qu’il pouvait se servir de la force du comte Dracula pour vaincre ses ennemis, faire appel aux dons de Sherlock Holmes pour trouver une échappatoire lorsqu’une situation impossible se présentait ou encore user des capacités des trois autres fantômes. Je ne pouvais m’empêcher de penser que la force de l’histoire reposait sur les pouvoirs du héros et que les découvrir en début de volume gâchait l’intérêt de cette lecture.
Quoi qu’il en soit, l’expression commune « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis » s’applique encore une fois ici. Explications.
Lors de l’un de mes passages dans l’une de mes bouquineries préférées, j’ai aperçu le deuxième volume. Hésitant dans un premier temps, je décidai finalement de le prendre. Cet achat m’offrait un prétexte pour donner une seconde chance à cette série éditée par Glénat Comics. Et cette nouvelle immersion dans l’univers dépeint par Frank J. Barbiere et Chris Mooneyham allait littéralement me faire changer d’avis à son propos : alors que j’aurais qualifié Five Ghosts de « satisfaisant » ou de « plaisant » dans le meilleur des cas il y a quelques mois à peine, je me délectais à présent en (re)lisant cette oeuvre.
Pulp, rétro, nostalgie
Comme dit plus haut, les dessins renvoient directement aux pulp magazines, ces publications imprimées sur du papier de qualité moindre au début du 20ème siècle. On y trouvait des récits comme « Weird Tales » pour ne citer que cet exemple. Et si ces magazines populaires faisaient la part belle à différents genres littéraires (western, aventure, etc.), c’est la science-fiction qui a connu un véritable essor grâce à ces revues. Mais revenons-en à nos fantômes : si Five Ghosts emprunte véritablement les codes des pulp magazines, c’est plus précisément aux genres aventure et fantastique à qui il fait référence.
Tout d’abord, le trait et les couleurs de Chris Mooneyham illustrent une ambiance rétro avec brio. A cet égard, même les couvertures, qui dans l’édition de Glénat séparent les différents chapitres, font à la fois allusion aux pulp magazines et aux posters vintage de certains films fantastiques, d’horreur, de science-fiction du vingtième siècle. Ensuite, sachez que le scénario ajoute lui aussi sa pierre à l’édifice : le héros est une sorte d’Indiana Jones qui devra trouver un remède pour soigner sa sœur gravement malade tout en cherchant le secret de la pierre qui lui confère ses pouvoirs. Durant son périple, il bourlinguera d’un coin à l’autre du globe et il rencontrera des montres, des tribus indigènes, des sorcières, des pirates… Rencontres qui déboucheront à plusieurs reprises sur des combats épiques et/ou des révélations sur les pouvoirs dont bénéficie Fabian Gray. Mais à ce propos, qui est-il exactement ?
Le comte Dracula, l’archer Robin des bois, le détective Sherlock Holmes, Merlin l’enchanteur et le samouraï Miyamoto Musashi : Fabian Gray est tout cela à la fois. En fait, la seule personnalité à laquelle il lui est inutile de faire appel est celle d’Indiana Jones tant le protagoniste de Five Ghosts ressemble à ce dernier en regard des aventures qu’il est amené à vivre. Et si l’influence est aisément perceptible, c’est encore une fois pour renvoyer au « genre pulp ».
En d’autres mots, avec cette série qui compte pour l’instant deux volumes en français, Glénat réussit un joli coup sur le marché des comics francophones. L’histoire est captivante et nous invite à nous plonger dans un récit aux connotations résolument vintage dont la narration a tout de même été adaptée à notre époque. On pense notamment au rythme et à l’écriture qui sont tous deux assez rapides et ne souffrent pas de ralentissements notables. Bref, à découvrir si ce n’est déjà fait !
Note : 9/10
R.L.