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Lady Killer
Vendeuse de cosmétiques ? Serveuse dans un bar ? Non ! Josie Schuller est une tueuse à gages. Ce concept d’une mère de famille qui travaille pour une obscure organisation a été imaginé par Joëlle Jones et Jamie S. Rich et prend forme dans Lady Killer, une série qui sent bon les années 50.
Quand il s’agit de recréer une ambiance typique comme la décennie qui a vu éclore le talentueux Johnny Cash et naître la Vème république française, le dessin se doit d’être irréprochable ou presque. A ce niveau, que ce soit le trait de Joëlle Jones ou la colorisation de Laura Allred, le contrat est parfaitement rempli puisque le graphisme illustre parfaitement le propos : les scènes de meurtres sont réalistes et violentes quand les situations familiales nous laissent entrevoir la vie telle qu’elle pouvait l’être à l’époque. Cette dernière facette du scénario sera d’ailleurs également au centre des attentions puisque si d’un côté, Josie doit élaborer le meilleur plan pour assassiner sa cible, d’un autre, elle devra réussir à concilier sa vie de famille avec sa carrière de tueuse. Une tâche loin d’être de tout repos surtout quand la belle-mère vit sous le même toit que la petite famille et n’hésite pas à mettre son nez dans ce qui ne la regarde pas !
Si, pour l’instant, il n’existe qu’un volume en version française, cette introduction est déjà de très bon augure : on y trouve évidemment les éléments nécessaires pour comprendre le récit mais les auteurs n’en sont pas restés là puisque ce premier tome constitue déjà un arc complet à lui seul et présente un retournement de situation des plus sympathiques.
La suite est attendue pour septembre et on peut d’ores et déjà croiser les doigts pour que le rythme et le dessin conservent l’excellent niveau de qualité atteint dans ce premier volume.
- Five Ghosts
Une ode à la pop-culture ! C’est de cette façon que l’on pourrait résumer cette série qui en est à son deuxième volume chez Glénat. Le lecteur y suit les aventures de Fabian Gray, un chasseur de trésors possédé par les esprits de 5 figures populaires. Ce sont donc Le comte Dracula, l’archer Robin des bois, le détective Sherlock Holmes, Merlin l’enchanteur et le samouraï Miyamoto Musashi qui permettront au héros de Five Ghosts de s’extirper des situations les plus dangereuses.
Et pour ce qui est des situations dangereuses, Fabian en aura pour son argent : araignées géantes, pirates, tribus indigènes… se dresseront sur sa route au cours de son périple. Il lui faudra donc s’appuyer sans compter sur ses alliés s’il veut atteindre son objectif : sauver sa sœur plongée dans un coma.
Grâce à ce scénario original, plus qu’à la pop-culture, c’est aux pulp magazines que cette série renvoie : des publications de qualité sommaire dans lesquelles on découvrait au début du 20ème siècle des histoires d’aventuriers et d’explorateurs. C’est un véritable hommage à ces revues qu’est Five Ghost et cela se ressent aussi dans le dessin « rétro ».
A l’heure d’écrire ces lignes, la série compte déjà deux volumes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Five Ghosts n’est pas sujet à une baisse de qualité que ce soit pour son scénario que l’on doit à Frank J. Barbiere (jeune auteur qui s’est fait connaître avec Five Ghosts) ou pour ses dessins crédités à Chris Mooneyham (Predator). Bien au contraire, les confrontations sont toujours épiques, les retournements de situation restent soignés et les personnages rencontrés intègrent intelligemment une trame dont on pressent qu’elle a encore beaucoup à révéler.
Vous l’aurez compris, Five Ghost est à conseiller à tout amateur de comics ! Plus d’infos ici.
- Letter 44
Amateurs de science-fiction, ne cherchez plus : Letter 44 est une série rafraîchissante qui s’appuie sur un propos intelligent et novateur.
Alors que Stephen Blades, le président des Etats-Unis fraîchement élu, savoure son ascension à la tête du pays, son prédécesseur lui a laissé une lettre sur son bureau. Et c’est cette note qui constitue la base de toute la trame de Letter 44 : une construction extraterrestre a été découverte dans une ceinture d’astéroïdes et une équipe d’astronautes a été envoyée dans l’espace afin de découvrir de quoi il en retournait.
On découvre alors deux récits pour le prix d’un seul. D’une part, les découvertes de l’équipage au cours de sa mission raviront tous les adeptes de science-fiction puisqu’il est évidemment question d’aliens, de constructions extraterrestres et de bien d’autres surprises. D’autre part, la vie politique de Stephen Blades a été savamment mise en images et est rythmée par des trahisons, des soutiens imprévisibles et même, des assassinats.
En d’autres mots, c’est un petit bijou que nous livrent Charles Soule et Alberto J. Alburquerque. Le scénario du premier cité est abouti quand les dessins du second font mouche, que l’on se trouve dans l’espace ou sur la Terre. Bref, du génie ou presque !
Précisons que pour chacun des quatre volumes sortis (la série totalisera six tomes), le rythme reste du même acabit et les révélations ne manquent pas d’intérêt. Si les deux derniers comics s’avéraient être du même calibre, il est indéniable que Letter 44 pourrait trôner fièrement au sein de chaque bibliothèque !
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Hadrian’s Wall
Il est évident que Glénat Comics n’a pas hésité à miser sur la science-fiction pour ses choix éditoriaux à l’image de Letter 44, Lazarus, Bitch Planet… Et à cette belle liste vient également s’ajouter : Hadrian’s Wall.
Le premier tome « Aux confins de l’espace », commercialisé en octobre 2016, a bénéficié, encore une fois, du très bon travail de la maison d’édition puisque lors de sa sortie en volume relié chez nous, les lecteurs américains n’avaient accès qu’aux premiers chapitres.
Revenons-en à la série en tant que telle. Pour Hadrian’s Wall, Kyle Higgins, que l’on a déjà pu voir à l’œuvre sur « Les portes de Gotham » ou encore C.O.W.L., et Alec Siegel, également à créditer pour C.O.W.L., réalisent un travail fabuleux. Au cours de celui-ci, le lecteur est envoyé dans l’espace et plus précisément, à bord de l’« Hadrian’s Wall ». Pour la petite histoire, le vaisseau emprunte son nom à une fortification romaine édifiée au nord de l’Angleterre sous le règne de l’Empereur Hadrien et qui séparait le pays de Shakespeare de l’Ecosse.
Et la dénomination choisie pour le vaisseau est loin d’être anodine puisque le contexte de l’histoire de ce comic-book est celui des débuts d’une guerre froide entre la Terre et la première colonie spatiale.
Au centre de tout ça, le héros, un certain Simon Moore, est inspecteur et est envoyé sur l’Hadrian’s Wall au milieu des étoiles. Sa mission consiste à déterminer les causes de la mort de l’un des membres de l’équipage.
La victime ne lui est pas inconnue puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’un homme qui lui a auparavant tiré dessus et s’est marié avec l’ex-madame Moore qui, d’ailleurs, fait partie de l’équipe du vaisseau.
Les relations entre les personnages sont donc primordiales dans cette histoire et elles seront passées à la loupe par l’inspecteur au cours de son enquête. Très vite, on constate que les différentes personnalités des protagonistes ont été travaillées et enrichissent indéniablement le récit. Autrement dit, elles constituent l’un des points forts de ce premier volume.
Il suffit de lire les premières pages pour s’en rendre compte : Simon Moore est accro aux médicaments, entretient de mauvais rapports avec son ex-femme et ne crache pas sur l’argent. Et chacun de ces « détails » aura un impact sur l’enquête d’une manière ou d’une autre.
En fait, seuls les dessins de Rod Reis pourraient bloquer certains lecteurs. Pourtant, même si de prime abord on peut considérer que le tout est un peu froid, il ressort rapidement que les visages sont dépeints de fort belle manière. Et puis, que dire de la double page illustrant l’Hadrian’s Wall flottant au milieu de l’espace… Un régal !
Au final, une série qui laisse entrevoir un fort potentiel qui, on l’espère, sera exploité à sa juste valeur !
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Dead Letters
Le meilleur pour la fin de ce top ! Dead Letters y mérite amplement sa place tant il fait figure de chef-d’œuvre !
Et pourtant, j’éprouve beaucoup de difficultés à en parler… Et pour cause, la fin du premier chapitre, et surtout la révélation qu’on peut y lire, ne peuvent être dévoilés sans gâcher la surprise pour les lecteurs…
En quelques mots et sans vous spoiler, on découvre Sam, un héros afro-américain, qui se réveille dans une chambre d’hôtel. A peine debout, le téléphone sonne et son interlocuteur le prévient : « ils arrivent ». Il ne faudra que quelques instants à Sam pour comprendre qu’en fait, « ils » sont déjà là et « ils » veulent le tuer. C’est tout ce que je suis en droit de vous révéler pour le scénario si vous voulez profiter de cette pépite qu’est la série Dead Letters comme il se doit.
Alors que dire ? Que l’atmosphère est particulièrement soignée ? Effectivement, tout comme la narration, elle renvoie à la longue tradition des polars noirs. Sam devra mener l’enquête pour comprendre où il se trouve et qui sont réellement ceux qui l’entourent. Et chaque révélation aura le mérite de surprendre le lecteur tant les mécanismes narratifs ont été huilés avec la plus grande maîtrise par Christopher Sebela.
A cela, ajoutons que les dessins de Chris Visions viennent couronner un récit qui flirte avec la perfection : original et tirant sa force de multiples influences, le graphisme n’aurait pu être mieux choisi pour parfaire cette série qui en est déjà à deux volumes chez Glénat Comics.
Et si ma crainte était de voir le soufflé retomber après un excellent premier volume, je peux d’ores et déjà garantir, sur base du deuxième tome, que Sebela comme Visions en ont encore sous le capot !
R.L.