J’ai commencé les comics par l’ère des New 52, une gamme de comics destinée à un large public, puisqu’elle consiste ni plus ni moins en un reboot général de l’univers DC. Je dois admettre que, pour ma part, l’éditeur en question a réussi son pari : jeune lecteur de comics à l’époque, cette porte d’entrée s’est avérée très facile d’accès et m’a conduit à lire bon nombre de publications de la Distinguée Concurrence. Passionné par quelques séries issues de cette volonté éditoriale de remettre à plat toutes les histoires des super-héros, j’ai voulu en savoir plus et découvrir l’origine de cette situation. Pour ce faire, il était nécessaire de se tourner vers « Flashpoint », un comic-book de Geoff Johns et de d’Andy Kubert.
Quand un seul homme bouleverse la continuité…
Eobard Thawne, celui que l’on surnomme Nega-Flash ou encore Professeur Zoom, a mis son plan à exécution : modifier le cours du temps pour nuire à son pire ennemi, Barry Allen alias Flash. Ce dernier se réveille dans un monde où rien n’est plus comme avant et où Geoff Johns, scénariste de marque chez DC (Geoff Johns présente Green Lantern, Batman Terre-Un, Flash), s’est amusé à modifier plusieurs éléments scénaristiques bien connus des fans de toujours. D’ailleurs, les changements opérés par Johns constituent sans aucun doute l’un des attraits de cette lecture. Dans cet ordre d’idées, ce n’est pas Bruce que l’on retrouve sous les traits de Batman mais son père. L’enfant étant mort dans Crime Alley lors d’une tentative de vol. Et bien d’autres héros ont vu leur vie bouleversée comme Hal Jordan, par exemple, qui n’est jamais devenu Green Lantern puisque dans cette ligne du temps, Abin Sur n’a pas trouvé la mort à la suite de son crash sur la planète.
Et ce ne sont là que quelques-unes des idées couchées sur le papier par l’auteur et qui captiveront à coup sûr son public. On se prend alors au jeu et on ne peut s’empêcher de rechercher les différences qui existent entre ce nouvel univers et celui qui prévalait jusqu’alors. Seuls les nouveaux lecteurs se verront dans l’incapacité de dénicher tous les changements opérés par Geoff Johns.
Et puis, les petits plats ont bien été mis dans les grands puisque le tout est soutenu par un scénario séduisant. J’irais même plus loin : c’est presque un retour en enfance qui s’est imposé à ma petite personne lors de la lecture de ce récit. Et il s’agit d’un sacré compliment, sachez-le. En effet, j’ai grandi avec les superbes dessins animés de la Justice League et de Batman (The Animated Series) pour lesquels de nombreux épisodes offraient un assez juste condensé d’action tout en proposant leur lot de rebondissements. Grâce à « Flashpoint », j’ai donc ressenti des sensations similaires : le plaisir de la découverte (les personnages n’étant plus tels que je les connaissais) et surtout l’excitation face à un comic-book constituant une étape charnière dans l’histoire des super-héros concernés.
Ce à quoi le graphisme participe de bien belle manière. Andy Kubert (Ultimate X-Men, Wolverine : les origines, Batman & Robin) s’est, lui aussi, mis en évidence pour l’occasion : les membres de la Justice League arborent des costumes qui intègrent de nouvelles subtilités ingénieuses et justifiées par le scénario.
Néanmoins, nous sommes au regret de vous annoncer que ce récit, ô combien captivant, n’est pas parfait. Dans cet ordre d’idées, on aurait apprécié un twist improbable pour nous offrir un moment mémorable dont on se souviendrait encore longtemps après cette lecture plaisante.
Quoi qu’il en soit, qu’on se le dise : Flashpoint vaut le détour. Tout d’abord parce que cette histoire correspond à un tournant majeur dans l’histoire de DC et ensuite, car le scénario et les dessins offrent au lecteur un récit rythmé et original pour lequel, seuls les néophytes pourraient passer en partie à côté de ce qui constitue vraiment son charme : la revisite des personnages de l’univers DC.
Note : 8/10
R.L.