Après l’excellent La Femme à l’Etoile, Anthony Pastor use une fois encore de son talent à créer des ambiances si immersives, de sa créativité si personnelle, pour accoucher d’un nouveau récit : Billy Lavigne. Nous sommes donc de retour au Far-West où un jeune homme, Billy, revient sur ses terres après qu’on lui ait appris le décès de sa mère. Résolu à trouver le coupable, et surtout à lui faire avouer son crime, Billy est partagé entre la tristesse et le désir de vengeance. Dans la communauté, malgré le décès d’une âme que chacun aimait à sa façon, tous voient d’un bon l’œil le retour de Billy. Car celui-ci sait y faire avec les chevaux. De plus, Billy est travailleur, apprécié en ville, et le puissant éleveur Thorpe n’a qu’un désir: en faire son héritier.
Quoi qu’on puisse dire du dessin de l’artiste, qui pour sûr ne plaira pas à tous les lecteurs, Anthony Pastor a l’art de conférer une atmosphère particulière et immersive à ses écrits. C’est une nouvelle fois le cas pour ce Billy Lavigne qui s’appuie sur des tonalités colorées et distinctes, choisies en fonction de ce qui nous est conté. L’introduction en constitue un parfait exemple avec ces nuances de bleu qui imprégnent les pages alors que des hommes enterrent une femme qui s’est noyée durant la nuit. L’aube est maussade, emplie du désespoir de ces hommes, de leur solitude face à la mort, et du silence lourd de sens de certains d’entre-eux.
Ces individus apporteront, d’une façon ou d’une autre, leur part à l’édifice qu’est l’ouvrage chroniqué en ces lignes. Parfois, une ou deux planches seulement nous suffiront pour saisir une personnalité avant que celle-ci ne disparaisse du récit à tout jamais. Et pourtant, si brêve soit-elle, son action aura un impact sur la mentalité des autres protagonistes de l’aventure. Ces derniers, au travers du rôle qui leur a été assigné par Antony Pastor, mèneront le scénario d’une tragédie à une enquête, pour aboutir à son grand final. Alors, pour ceux qui en doutaient, le constat n’en devient que plus évident. De l’introduction à sa fin, la réussite de Billy Lavigne est indéniable. Si vous appréciez les films de Clint Eastwood, les jeux vidéo Red Dead Redemption ou encore, les écrits dédiés au Western, sachez qu’Anthony Pastor les aime aussi. Cette amour transpire des pages de sa nouvelle BD qui fait déjà figure de nouvel immanquable en la matière.
Anthony Pastor est talentueux, et s’il ne fallait nommer qu’un seul de ses talents, nous ne pourrions faire l’impasse sur sa maitrise des ambiances. Par des touches de couleurs, un paysage ou une discussion devient l’expression de l’imagination de son créateur et distille une pléthore d’émotions chez son lecteur avec une facilité déconcertante. Bien-sûr, réduire l’artiste à ceci relèverait presque du crime tant la narration, la conception de personnages, et l’impact d’une intrigue ficelée sont autant de talents qu’Anthony Pastor maîtrise avec brio.
Note : 9/10
R.L.