Rémy a quitté sa patrie alors qu’il n’avait que 5 ans. Aujourd’hui, le voici de retour dans ces contrées en guerre. D’un côté, un charnier où des corps pourrissent s’étend à l’instar d’un fossé ; les ultimes expressions d’horreur des victimes sont gravées sur des visages livides. De l’autre côté, des lieux abandonnés, mis-à-sac par quelques survivants ou un bataillon de militaires. L’ambiance glauque et noir de Hell Is Us prend aux tripes dès les premiers instants. Et pourtant, celle-ci ne nous frappe pas aux yeux grâce à une cinématique de plusieurs minutes censée nous expliquer le contexte de ce qui prend place autour de nous. Non… Les informations sont distillées au travers des décors, de notes abandonnées ici et là, de découvertes macabres et via quelques PNJ. Le conflit raconté au travers de ces éléments visuels parait alors aussi réel qu’intéressant à suivre. Et la direction choisie, celle de ne pas opposer « le bien » au « mal » y est pour beaucoup également. Ici, les factions en guerre présentent autant de défauts que d’atouts, autant de raisons de les haïr que de les soutenir. En effet, dans Hell Is Us, on ne dénombre pas de « méchant tout noir » ou de « gentil tout blanc ». C’est la guerre, il faut donc tuer pour ne pas être tué. L’écriture est belle, intense et nous immerge avec aisance dans ce monde dévasté. Et si ce scénario solide y parvient, c’est aussi grâce aux graphismes léchés et à la direction artistique détaillée.
Ajoutez à cela, l’envie des dév’ de vous envoyer dans un monde sans boussole, sans carte, sans indications telles qu’on en trouve dans les autres titres d’action-aventure, et voici que de nombreux fans se sont mis à rêver d’un jeu qui ne les prendrait pas par la main ; d’un jeu qui pourrait enfin les laisser l’aborder comme ils l’entendent. Mais est-ce vraiment le cas? Autrement dit, ce Hell Is Us est-il un concentré de faux espoirs ou une véritable réponse à nos attentes ?
Tout d’abord, n’imaginez point vous retrouver dans un monde ouvert. Oui, Hell Is Us offre plusieurs embranchements, et oui, il est tout à fait possible de manquer une quête annexe à cause de l’un de nos choix. Cependant, le soft n’en reste pas moins une succession de couloirs. À dire vrai, considérez-le plutôt comme un titre composé de niveaux en partie ouverts. Les parcourir revient à résoudre des énigmes et affronter son lot d’ennemis. D’ailleurs, ces fameuses énigmes, elles aussi, auront beaucoup fait parler d’elles ; de nombreux joueurs craignant l’existence de casse-têtes d’une difficulté extrème ou presque. Rassurez-vous, ce n’est pas le cas.
La quête principale est effectivement composée d’événements demandant une certaine logique qu’il est aisé d’intégrer. Les limitations de votre personnage qui ne peut ni pousser un objet, ni sauter par-dessus, réduiront les possibilités et vous mettront, généralement, assez vite sur la bonne voie. Toutefois, il est vrai qu’une fois sorti du chemin principal, les contenus annexes se révèlent être une autre paire de manches… Mais encore une fois, rien d’insurmontable pour peu que vous soyez patient et observateur .
Explorer et résoudre représentent donc deux des trois pans du jeu de Rogue Factor. Quant au troisième, il s’agit bien-sûr des combats. Pour ce faire, Rémy n’est pas équipé d’une foule de compétences et privilégie l’arme blanche. Les combos sont peu nombreux et, avant d’avoir déniché plusieurs glyphes à équiper, les affrontements restent somme toute basiques. Seule la jauge d’endurance à ménager apparaît, à la manière des Souls, comme le moteur stratégique des joutes. À cela s’ajoute la possibilité de récupérer de la santé en appuyant sur une touche dans un timing parfait. Un détail qui n’en est pas un tant il offre un attrait appréciable au gameplay. En d’autres mots, les affrontements vous révéleront petit à petit leurs bons côtés. Et si les ennemis, des créatures blanchâtres et antropomorphes, avaient pu gagner en diversité au fil de l’aventure, on aurait même pu passer outre leurs défauts.
Enfin, terminons sur un… détail(?) qui nous a surpris de façon très positive : la vie du monde créé. Prenons un exemple. Si vous rencontrez un PNJ qui vous adresse quelques mots, vous comprendrez qu’une quête secondaire se cache derrière sa demande… Imaginons que peu vous importe, et vous continuez votre route. L’histoire du jeu (tout comme Rémy) avance et ce n’est que plus tard que vous décidez d’aider le PNJ rencontré plus tôt. Et bien non ! Dans plusieurs cas, le personnage en question aura bougé, ne sera plus là où vous l’aviez laissé. Peut-être même aura-t-il connu une destinée atroce… En résumé : la région vit que vous l’aidiez ou non. Et c’est un bonheur de s’en rendre compte, de voir que le monde n’est pas figé autour de nous.
En conclusion, ce Hell Is Us (PS5, Xbox Series et PC) n’est pas parfait avec ses monstres similaires, ses énigmes parfois trop complexes, ses combats manquant de variété. Et pourtant, ce titre présente bien plus de qualités que de défauts. L’absence de carte poussant à l’exploration, la direction artistique détaillée, sa volonté de raconter une histoire basée sur l’observation… ne sont que quelques-uns des atouts qui mettent en avant la créativité et l’originalité de cette production. En bref, Hell Is Us présente quelques touches d’originalité bienvenues, et reste à réserver aux joueurs qui sont prêts à prendre le temps d’observer et de réfléchir.