« Cela doit être une blague ! » Voici ce que pensait l’entomologiste, Camille Simon, après qu’on lui ait expédié un papillon agrémenté d’un document qui attestait de son origine à des milliers de kilomètres de son milieu naturel. Une blague ? Il n’en est rien mais ceci est à découvrir dans une superbe bande dessinée : Les Papillons ne meurent pas de vieillesse. On n’avait pas encore encore ouvert ledit livre que sa couverture nous mettait déjà la puce à l’oreille quant à sa réussite avec la présence de deux célèbres noms. Côté scénario, ce n’est ni plus ni moins que Matz qui s’y est collé. L’auteur de Peines Perdues ou encore de la série Le Tueur a remis le couvert en nous concoctant une trame narrative des plus prenantes. Et il n’était pas seul à la tâche puisqu’aux dessins, Frédéric Bézian et son style si personnel (Ne Touchez à rien, Donjon monster…) font bien mouche.
On suit donc un entomologiste, sa cousine et un chasseur partis à la recherche de papillons en pleine forêt amazonienne. Cette petite équipe aura fort à faire face aux riches entrepreneurs désireux d’acquérir plus de terrains quitte à mettre à mal la faune et la flore ; aux habitants qui ont besoin des ressources de la forêt pour survivre ; aux animaux et insectes qui considèrent les êtres humains comme des proies appétissantes. On découvre les obstacles qui se dressent sur la route de nos héros sans jamais avoir l’impression de tomber dans une BD documentaire nous abreuvant d’informations indigestes. Au contraire ! Chaque nouveau renseignement concernant les papillons est distillé avec soin, de manière à être mémorisé par le lecteur. On en vient presque à vouloir s’y pencher de plus près une fois l’ouvrage terminé. Le graphisme et la narration parviennent à réaliser l’exploit de nous captiver et de nous intéresser aux espèces citées.
En outre, l’impression que cette création s’adresse à des publics bien différents nous a sauté aux yeux au fil des pages. Les enfants, les adolescents… les écoles d’une part ! Avec sa portée didactique, le livre chroniqué en ces lignes est une chouette entrée en matière pour peu que l’on s’intéresse aux sciences. Ensuite, l’ouvrage n’en reste pas moins un bel objet pour tous les amateurs du neuvième art, qu’ils soient concernés par les papillons ou non. L’édition est de bonne facture, comme toujours avec Casterman, et le dessin si atypique, tout en noir et blanc, intrigue, subjugue et nous immerge dans le récit, tout simplement. Et comme si cela ne suffisait pas, quelques papillons apparaissent en couleur et marquent d’autant plus notre rétine au cours de la lecture.
Vous l’aurez compris, autant ne pas tourner autour du pot, Les Papillons ne meurent pas de vieillesse est une très bonne bande dessinée. On est ici en face d’un écrit qui se veut à la fois divertissant et didactique tout en proposant une belle dose d’originalité. Un ouvrage que nous vous conseillons de ne pas manquer sous peine de le regretter…
Note : 9/10
R.L.