Dans les pins – Six ballades meurtrières : la nouvelle BD d’Erik Kriek côtoie le meurtre de près

Composantes importantes de la musique populaire américaine, les ballades meurtrières ont, comme leur nom l’indique, un ou des meurtre(s) pour sujet. On y découvre alors des histoires proférant des morales indiscutables : le meurtrier finira par être rattrapé par ses démons et sera puni comme il se doit.  C’est donc sur cette base qu’Erik Kriek, artiste néerlandais, a choisi de travailler pour donner vie à sa nouvelle création.

Erik Kriek, à qui l’on doit notamment La Mare, revient donc déjà dans nos librairies avec cet ouvrage publié aux éditions Anspach. On y trouve 6 ballades dans des tonalités sombres, comme seul l’artiste peut en créer. L’ambiance est prenante, captivante même, et nous subjugue : le style d’Erik Kriek se lie décidemment avec aisance à tous les genres. Que ce soit pour l’Exilé et ses vikings, La Mare et son horreur tapie au fond des bois, ou désormais Dans les pins, Erik Kriek réalise des merveilles les crayons en main. Son dessin est lugubre, original, et souligne des détails graphiques qui participent à l’atmosphère du récit. Au travers d’un paysage des plus glauques, d’une ombre dans la nuit, d’un visage terrifié, le drame s’intensifie, le coupable laisse transparaître le mal qui vit en lui, et la victime se rend compte trop tard du sort qui lui sera bientôt réservé.

Quant aux récits en tant que tels, que valent-ils ? Hormis l’une ou l’autre ballade, plus classiques dans leur forme, l’ensemble se lit très bien. Les tragédies s’enchainent au même rythme que les planches que nous tournons, l’œil impatient d’en observer davantage. Certaines nous font ressentir, dès le début, ce qui va se jouer et instaurent une tension bienvenue quand d’autres ne révèlent leur conclusion que dans les derniers instants.

Evidemment, après La Mare, l’atmosphère lugubre développée par les sombres tonalités de l’artiste nous a donnés l’impression, lors de la lecture des premières histoires de Dans les pins, qu’une étrangeté digne d’H.P. Lovecraft se cachait dans l’obscurité. N’en déplaise à certains, ce n’est point le cas ici. L’ouvrage s’appuie uniquement sur des chants populaires décrivant des meurtres et des mises-à-mort basés sur la réalité de l’époque et non sur des monstres imaginaires.

Le résultat reste convainquant même si on regrettera parfois un rebondissement plus conséquent ou une pagination plus importante pour certains des récits. Quoi qu’il en soit, les fans de l’auteur y trouveront leur compte grâce au style graphique d’Erik Kriek, un style dont on ne se lasse pas, et une narration propre à l’auteur. Enfin, pour conclure de belle façon cette bande dessinée, les éditions Anspach nous ont gratifiés d’un bonus appréciable par l’entremise des origines de chaque chant sur lesquels s’appuie la BD. Les lecteurs pourront donc découvrir ce qui relève de la ballade originel et ce qui demeure le fruit de l’interprétation d’Erik Kriek. Un ajout des plus appréciables.

Note : 7 /10

R.L.

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