Patrick Weber et Baudouin Deville n’en sont pas à leur coup d’essai chez la maison d’édition Anspach. S’il fallait décrire ces deux artistes, on les définirait comme deux amoureux du Royaume de Belgique. En tout cas, c’est ce que l’on ressent à la lecture de leurs créations (Sourire 58, Bruxelles 43…) Et les deux compères ont remis le couvert avec Maison du Peuple 65, une histoire centrée sur l’architecte Victor Horta, célèbre pour ses constructions dont certaines ont fait les beaux jours de Bruxelles.
Dans ce nouveau titre, on suit Kathleen qui couvre pour la RTB (pas encore « RTBF ») un congrès d’architectes. Là-bas, un homme est tué et très vite, la journaliste s’interroge. Le projet de démolition de la Maison du Peuple que l’on doit à Horta (disparu au moment du récit bien-sûr) semble avoir son rôle à jouer dans cette triste histoire…
Au travers de l’enquête, on revisite Bruxelles, ses monuments historiques, ses bâtiments emblématiques… Tout comme dans Spa 1906, l’effet procuré aux lecteurs est des plus appréciables ! Tous ceux qui auront foulé de leurs pas la capitale de l’Europe se plairont à redécouvrir des lieux phares de cette métropole. C’est un peu comme s’apercevoir que son chez-soi passe dans une série TV ou au cinéma… Le procédé est tel que par moments, nous constatons que l’enquête passe au second plan… Elle semble n’être qu’un prétexte pour visiter la ville et les joyaux de Victor Horta qui y figurent. Pour couronner le tout, sa résolution sera bien trop rapide à notre goût. Peut-être aurait-il été bon d’étaler les recherches de Kathleen sur deux volumes plutôt qu’un seul. Mais les risques étaient peut-être trop importants pour l’éditeur.
Quant aux dessins, ils sont assez classiques. Influencé par le style Ligne Claire, Baudouin Deville réalise un travail cohérent et sympathique, avec, signalons-le, un important travail sur les architectures de certains bâtiments.
Quoi qu’il en soit, Maison du Peuple 65 est une BD dont rien n’est vraiment à retirer. Au contraire, on lui aurait souhaité un second volume pour rendre l’enquête de son héroïne plus fournie en détails et en mystères. Pour le reste, Deville et Weber prouvent une nouvelle fois qu’ils maitrisent leur sujet, celui d’établir les aventures de leurs personnages dans un pays qu’ils affectionnent, la Belgique, tout en partageant leur amour pour ce royaume au travers de leurs dessins, de la narration et du découpage.