Une couverture de bel acabit grâce à un trait maîtrisié et des couleurs soignées, des personnages intrigants, un travail éditorial à la hauteur… Aurait-on là les premiers indices sur la qualité intrinsèque de ce Space Relic Hunters ? Bref, on ouvre ledit objet pour embarquer dans le vaisseau spatial de Xia, une humaine pour qui l’alcool est une religion, et de Little Mercur, un individu masqué et énigmatique. Autant dire qu’on continue à élargir la liste des points positifs de l’ouvrage avec ces personnages originaux aux particularités peu conventionnelles. Ce duo s’est forgé une solide réputation dans le vol et la découverte de reliques d’anciens cultes religieux. Il s’approprie ces objets, les revend avant de se partager l’argent de la récompense octroyée par son commanditaire. Mais il y a un hic… Les quatre entités divines qui règnent sur cet univers ont choisi d’éradiquer toute autre forme de religion. Dans ce contexte, les chasseurs de reliques ne sont pas vus d’un bon œil…
Ce scénario, on le doit à Sylvain Runberg (Orbital, Millénium...). Rentrons directement dans le vif du sujet à ce propos : malheureusement, le pitch ne casse pas trois tentacules à un alien. MAIS — parce qu’il y a un « mais » et pas des moindres— l’aventure n’en reste pas moins des plus plaisantes à découvrir. D’une part, elle sent bon la nostalgie (cette nostalgie dont on aspire à ressentir les effets plus régulièrement), d’autre part, les idées simples de Runberg sont exploitées ici avec une efficacité indéniable. L’auteur ne rate jamais le coche et parvient à créer un univers logique dans lequel il emporte les personnages et les lecteurs. D’un bar malfamé à une planète hostile en passant par des batailles spatiales, ce voyage mouvementé divertit et séduit. En outre, à chaque page, on se complait à repenser à nos premiers visionnages des films Star Wars, aux faciès des extraterrestres du Cinquième Element, aux aventures d’Indiana Jones et à d’autres productions iconiques qui ont, sans l’ombre d’un doute, abreuvé les artistes en matière d’inspirations SF.
Les héros, eux aussi, ne sont pas le fruit d’une originalité extrème. Pourtant, il sera aisé de s’y attacher et de se questionner sur leur but. Cela grâce à des personnalités cohérentes qui comprendront leur part de mystère ; au même titre que les antagonistes dont les intentions et les aspirations demeurent elles aussi logiques et sensées.
Le coup de crayon joue lui aussi son rôle de belle façon. Et plus encore puisqu’il s’agit, avec la colorisation, du point fort de cet titre ! Grun (On Mars) et son trait ont parfaitement compris et intégré l’essence du récit concocté par Sylvain Runberg. Si à quelques reprises, les visages sembleront un tant soit peu figés, cela est largement compensé par le soin apporté aux vaisseaux, aux régions forestières ou désertiques et aux villes. Tout ceci prend vie sous le trait travaillé de l’artiste qui nous immerge aisément dans cet univers coloré. Quant aux quelques pages fourmillant de détails, il va sans dire qu’elles demanderont un temps d’arrêt au lecteur afin de les savourer pleinement.
Et à ce fascinant graphisme s’ajoute des couleurs magnifiques ; Grun use de l’aquarelle pour ce faire, ce qui confère une ambiance propre à cette BD et délivre, d’autant plus, cette fameuse bouffée de nostalgie aux lecteurs.
En bref, ce Space Relic Hunters fait partie de ces bandes-dessinées agréables à lire sans pour autant faire figure d’indispensable. On en tourne la denière page, le sourire aux lèvres, avec la certitude d’avoir passé un bon moment. D’une part, le dessin (et les couleurs) est sublime, d’autre part, les idées, bien que déjà vues, n’en sont pas moins bien concrétisées. En définitive, nous avons ici une BD sympa tirée vers le haut par son graphisme.
Note : 7/10
R.L.